Le Journal de Quebec

De longues heures d’attente sans eau et sans vivres

Sans nouvelles de sa soeur et son conjoint depuis vendredi

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

AGENCE QMI | Véronique Beaulieu reste à l’affût des informatio­ns et près de son téléphone. Elle espère recevoir des nouvelles de sa soeur Amélie et de son conjoint, coincés dans un hôtel de Varadero, à Cuba. Leur dernière communicat­ion, un court message, remonte à vendredi.

« Je suis inquiète, mais je ne sais pas de quoi m’inquiéter, a affirmé Mme Beaulieu, une jeune femme de Dosquet, dans Chau- dière-appalaches. D’habitude, on dit pas de nouvelles, bonnes nouvelles, mais là, je ne suis pas sûre que c’est ça. »

Dans son message, Amélie Beaulieu affirmait s’être barricadée dans sa chambre d’hôtel à l’approche d’irma.

« Elle a réussi à parler avec des employés de l’hôtel Be Live Experience. Ils assurent que tous les clients sont sains et saufs. Vacances Sunwing, la compagnie aérienne avec qui Amélie avait fait affaire, n’a pas donné d’informatio­ns. »

296 RESSORTISS­ANTS

À Cuba, la majorité des voyageurs sont privés d’électricit­é et d’un accès à internet.

Jusqu’ici, pas moins de 296 ressortiss­ants ont demandé de l’aide au gouverneme­nt canadien.

Sunwing a envoyé de l’aide humanitair­e à Saint-martin et en République dominicain­e, et a permis à des voyageurs de rentrer au pays. Des Québécois passent également par le gouverneme­nt français pour quitter Saint-martin.

La photograph­e montréalai­se Heidi Hollinger est actuelleme­nt à La Havane, où elle dit constater la résilience des Cubains qui ont été fortement touchés par Irma.

SÉCURITÉ

« Il y a des arbres énormes qui sont tombés par terre, partout à La Havane et l’eau a infiltré la capitale. Il y a des gens qui se sont construit des bateaux et ils se promènent dans La Havane en bateau. »

« Il n’y a pas d’eau en ce moment à La Havane et il n’y a pas d’électricit­é dans tout le pays, a-t-elle dit à LCN, mais ils ont dit qu’on aura peut-être de l’eau aujourd’hui [lundi]. »

« Je me sens en sécurité », a ajouté Mme Hollinger.

De nombreux Québécois ont été évacués de Saint-martin hier après une longue attente sans eau ni vivres à l’aéroport, près d’une semaine après le passage de l’ouragan Irma.

Le nombre exact de Québécois qui attendent encore d’être évacués restait difficile à estimer, hier soir.

La patience de certaines familles commençait à atteindre la limite, hier en journée, incluant celle de Marie-hélène Charron. « Ça fait deux jours et deux nuits qu’ils font la file à l’aéroport et qu’ils voient les Américains partir », nous disait-elle avant d’apprendre que les siens avaient finalement trouvé un vol de retour.

La jeune femme a remué ciel et terre pour aider son oncle Guillaume Théberge, son épouse et leurs deux enfants en danger à Saint-martin.

La famille, qui avait constitué un groupe d’une douzaine de Québécois rescapés du côté néerlandai­s de l’île, a finalement été évacuée hier à bord d’un vol commercial de Westjet en partance pour Toronto.

À BOUT DE FORCE

Guillaume Dutrizac et sa compagne Geneviève ont eux aussi trouvé place dans le même avion arrivé avec de l’aide humanitair­e à bord.

Près d’une semaine après le passage d’irma, le couple n’avait plus la force d’attendre, selon le frère de M. Dutrizac, Felix Brabant.

« Ils sont dehors, sur le stationnem­ent de l’aéroport, on ne les laisse pas entrer. Il fait 45 degrés et ils n’ont plus d’eau et plus de vivres », s’inquiétait-il, peu avant d’apprendre qu’antoine et Geneviève avaient finalement pu fuir.

Après six jours de survie, « le moral commence à baisser », rapportait quant à elle Mme Charron. « C’est complèteme­nt insalubre. Ils ne peuvent pas se laver ni aller aux toilettes décemment. »

Au total, 95 % de l’île de Saint-martin a été détruite par l’ouragan le plus violent jamais enregistré dans l’atlantique. Les deux aéroports de l’île ont été endommagés.

PAS UNE PRIORITÉ

Aux îles Turquoises, où de nombreux Québécois sont également coincés, les nerfs commencent aussi à lâcher, bien que la situation soit moins chaotique.

« Notre vie n’est pas en danger, mais c’est loin d’être agréable. La nourriture est rationnée, les toitures sont endommagée­s, on a l’électricit­é par génératric­e, mais on ne sait pas pour combien de temps encore », témoigne Alain Bissonnett­e, depuis le Club Med Turquoise.

Au sein de son groupe, beaucoup ont attendu trois heures en plein soleil dimanche dans l’espoir d’être évacués à bord d’un avion d’air Canada qui n’a finalement pas pu décoller.

Quand il a fini par avoir l’autorisati­on de s’envoler hier, Claudie Vaillancou­rt, qui y a trouvé place avec trois amies, sautait de joie. « Nous sommes dans l’avion ! » a-t-elle écrit au Journal juste avant de décoller pour Toronto.

Quant à M. Bissonnett­e et à son épouse, il leur faudra encore attendre jusqu’à jeudi, voire samedi, indique-t-il.

« C’est honteux, gronde-t-il. On est des citoyens canadiens, des payeurs de taxes, mais on ne reçoit aucune aide de notre gouverneme­nt. On n’est clairement pas une priorité pour eux. »

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PHOTO AFP Des dizaines de personnes attendaien­t en ligne hier à l’aéroport Grand-case Esperance sur l’île de Saint-martin, afin de s’enregistre­r pour l’évacuation.

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