Des policiers mal formés
Les policiers du Québec devraient retourner sur les bancs d’école pour réviser les lois et leurs devoirs lorsqu’ils demandent des mandats intrusifs pour épier des journalistes.
C’est ce que plaident les représentants des médias et des syndicats dans les mémoires remis à la commission Chamberland sur la protection des sources journalistiques.
La Commission, qui doit ensuite faire une série de recommandations au gouvernement, s’est penchée tout le printemps sur les circonstances qui ont mené des policiers à épier des journalistes pendant plusieurs années.
CAMOUFLAGE
Des policiers de Montréal et de la Sûreté du Québec ont obtenu des autorisations judiciaires pour consulter les appels entrants et sortants de journalistes à la suite de fuites dans les médias sur des enquêtes.
Les témoignages entendus à la Commission ont démontré que les policiers ont écrit des rumeurs ou ont camouflé certains faits dans des affidavits sous serment pour avoir ces autorisations de juges de paix.
Les avocats de Québecor Média et du journal Le Devoir réclament notamment des formations sur la rédaction de ces autorisations judiciaires, rappelant aux policiers qu’elles doivent être sincères et complètes.
La Fédération nationale des communications (FNC) et la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) abondent dans le même sens.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec propose aussi que, lorsqu’un mandat est requis contre un journaliste, la demande soit faite à un juge de la Cour supérieure et non à un juge de paix.
POLICIERS VISÉS
Dans son mémoire, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) rappelle de son côté que les mandats ont été obtenus pour des enquêtes contre des policiers.
Le document soutient néanmoins que le SPVM « est conscient que la façon de procéder dans des enquêtes impliquant des journalistes nécessite une mise à jour ».
Enfin, plusieurs intervenants à la Commission Chamberland demandent aussi qu’une distance soit instaurée entre le chef d’un corps policier et un élu.
Rappelant que le maire Denis Coderre avait appelé directement le chef de police pour un problème personnel, le conseiller et vice-président de la Commission de la sécurité publique de Montréal, Alex Norris, suggère d’avoir un protocole clair encadrant les communications entre le maire et la police.