Le Journal de Quebec

Des médecins dans la mire de L’UPAC

Le contrat d’un hôpital avec une clinique privée est dans la mire des enquêteurs de l’unité anticorrup­tion

- ÉRIC YVAN LEMAY

Après les politicien­s, les firmes de génie et le milieu de la constructi­on, l’unité permanente anticorrup­tion enquête maintenant sur des médecins. Les policiers s’intéressen­t à un contrat octroyé par l’hôpital Charlesle Moyne à une clinique privée où deux des actionnair­es étaient des médecins attachés à l’hôpital.

Selon les informatio­ns obtenues par notre Bureau d’enquête, un certain nombre de personnes ont été rencontrée­s au sein de l’établissem­ent par L’UPAC.

Le dossier serait maintenant entre les mains du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) depuis le début du mois d’août. Aucune accusation n’a toutefois été portée à ce jour.

L’enquête porte sur un contrat de plus de 800 000 $ que l’hôpital Charles-le Moyne a accordé à un établissem­ent ultramoder­ne, la clinique Groupe Opmédic inc., pour réaliser des centaines d’examens d’endoscopie.

Or, l’un des actionnair­es de la société à numéro qui a construit la clinique n’est nul autre que le chef du départemen­t de chirurgie de Charles-le Moyne, le Dr Sébastien Ratté.

DES CENTAINES D’EXAMENS

Le contrat initial prévoyait 1500 patients traités en vingt semaines à la clinique privée pour une somme maximale de 576 000 $. L’appel d’offres avait été lancé au mois d’août 2013 et fermé seulement deux semaines plus tard.

On exigeait notamment que la clinique se trouve dans un rayon de moins de 10 km de l’hôpital. Une vérificati­on effectuée par Le Journal, dans un reportage publié en 2014, avait permis de constater qu’aucune autre clinique ne répondait à ce critère.

La direction de l’hôpital avait indiqué que la proximité était nécessaire pour faciliter la vie des patients. À l’époque, la liste d’attente était importante pour ce type d’examen et l’hôpital était en attente de financemen­t pour ouvrir plus de salles opératoire­s.

Le contat a été prolongé jusqu’en novembre 2014. Au total, 11 médecins liés à l’hôpital exerçaient aussi à la clinique Opmédic.

En plus du Dr Ratté, un autre gastroenté­rologue attaché à l’hôpital, le Dr HanhKhiem Tran, était lui aussi actionnair­e de la clinique. Les deux médecins ont depuis cessé d’être actionnair­es. En 2015, le service d’endoscopie de la clinique a été fermé.

L’établissem­ent a confirmé que les policiers se sont intéressés à ce contrat.

« Nous savons que certaines personnes ont été rencontrée­s par L’UPAC concernant un contrat octroyé à Opmédic en 2013. Cependant, nous n’avons pas d’informatio­n ni de commentair­e à faire à ce sujet », a indiqué la porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-centre, Martine Lesage.

Le Dr Sébastien Ratté indique avoir rencontré les enquêteurs cet été, mais dit ne pas s’inquiéter pour la suite des procédures en ce qui le concerne. Il n’a pas voulu commenter davantage. Le Groupe Opmédic n’a pas répondu à l’appel du Journal. L’agence de la santé de la Montérégie avait avancé une somme de 225 000 $ pour financer le projet.

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L’immeuble abritant la clinique du Groupe Omédic inc. a été construit par une compagnie à numéro dont deux des médecins de l’hôpital Charles-le Moyne étaient actionnair­es juste avant l’octroi du contrat. PHOTO ÉRIC YVAN LEMAY

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