Des médecins dans la mire de L’UPAC
Le contrat d’un hôpital avec une clinique privée est dans la mire des enquêteurs de l’unité anticorruption
Après les politiciens, les firmes de génie et le milieu de la construction, l’unité permanente anticorruption enquête maintenant sur des médecins. Les policiers s’intéressent à un contrat octroyé par l’hôpital Charlesle Moyne à une clinique privée où deux des actionnaires étaient des médecins attachés à l’hôpital.
Selon les informations obtenues par notre Bureau d’enquête, un certain nombre de personnes ont été rencontrées au sein de l’établissement par L’UPAC.
Le dossier serait maintenant entre les mains du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) depuis le début du mois d’août. Aucune accusation n’a toutefois été portée à ce jour.
L’enquête porte sur un contrat de plus de 800 000 $ que l’hôpital Charles-le Moyne a accordé à un établissement ultramoderne, la clinique Groupe Opmédic inc., pour réaliser des centaines d’examens d’endoscopie.
Or, l’un des actionnaires de la société à numéro qui a construit la clinique n’est nul autre que le chef du département de chirurgie de Charles-le Moyne, le Dr Sébastien Ratté.
DES CENTAINES D’EXAMENS
Le contrat initial prévoyait 1500 patients traités en vingt semaines à la clinique privée pour une somme maximale de 576 000 $. L’appel d’offres avait été lancé au mois d’août 2013 et fermé seulement deux semaines plus tard.
On exigeait notamment que la clinique se trouve dans un rayon de moins de 10 km de l’hôpital. Une vérification effectuée par Le Journal, dans un reportage publié en 2014, avait permis de constater qu’aucune autre clinique ne répondait à ce critère.
La direction de l’hôpital avait indiqué que la proximité était nécessaire pour faciliter la vie des patients. À l’époque, la liste d’attente était importante pour ce type d’examen et l’hôpital était en attente de financement pour ouvrir plus de salles opératoires.
Le contat a été prolongé jusqu’en novembre 2014. Au total, 11 médecins liés à l’hôpital exerçaient aussi à la clinique Opmédic.
En plus du Dr Ratté, un autre gastroentérologue attaché à l’hôpital, le Dr HanhKhiem Tran, était lui aussi actionnaire de la clinique. Les deux médecins ont depuis cessé d’être actionnaires. En 2015, le service d’endoscopie de la clinique a été fermé.
L’établissement a confirmé que les policiers se sont intéressés à ce contrat.
« Nous savons que certaines personnes ont été rencontrées par L’UPAC concernant un contrat octroyé à Opmédic en 2013. Cependant, nous n’avons pas d’information ni de commentaire à faire à ce sujet », a indiqué la porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-centre, Martine Lesage.
Le Dr Sébastien Ratté indique avoir rencontré les enquêteurs cet été, mais dit ne pas s’inquiéter pour la suite des procédures en ce qui le concerne. Il n’a pas voulu commenter davantage. Le Groupe Opmédic n’a pas répondu à l’appel du Journal. L’agence de la santé de la Montérégie avait avancé une somme de 225 000 $ pour financer le projet.