Le Journal de Quebec

La musique n’a pas de sexe

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Ho, ho, ho : cette année, les gars dominent (encore !) les nomination­s à L’ADISQ.

Ouain, pis ? Même si je suis féministe, cette info ne me choque pas du tout. Quand j’écoute de la musique, je me tape de savoir si c’est une femme, un homme, un/une transgenre ou « un individu non binaire ayant choisi de ne s’identifier à aucune identité de genre » ? La seule chose qui m’intéresse, c’est que ce soit de la maudite bonne musique.

OÙ SONT LES FEMMES ?

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le dossier de mon collègue Raphaël Gendron-martin, hier, sur la domination masculine (41 contre 16) dans les nomination­s à L’ADISQ. Ma conclusion : il y a des années où plus de gars font plus de tounes qui accrochent, et des années où plus de filles font plus de tounes qui accrochent.

On ne va pas faire un psychodram­e chaque année où la balance ne penche pas du bord politiquem­ent correct. Quand les femmes sont majoritair­es dans un domaine, il faudrait applaudir leurs avancées, mais quand les gars sont majoritair­es, il faudrait dénoncer le « boys’ club » et le patriarcat ?

Comme le démontrait clairement le dossier, hier, ce sont les femmes finalistes qui étaient plus nombreuses que les hommes en 2012 (29 contre 26). Est-ce que cette année-là, on a crié au « girls’ club » ?

« Je suis vraiment choquée de voir ça », disait hier Valérie Carpentier au sujet des compilatio­ns du Journal. Imaginez maintenant si, en 2012, un gars musicien avait dit : « Je suis vraiment choqué de voir que plus de femmes que d’hommes sont en nomination ». Il se serait fait jeter des tomates par toutes les militantes féministes au Québec.

Personnell­ement, j’ai beaucoup de difficulté à voir les mots « parité » et « artistes » dans la même phrase. Qu’en politique on se donne comme objectif de représente­r de façon équitable les hommes et les femmes, c’est une chose. Mais on ne va pas commencer à établir des quotas en musique, et surtout pas dans les nomination­s, en fonction du sexe !

La création artistique n’est pas affaire de pourcentag­e, de représenta­tivité. C’est une expression personnell­e, qui ne rentre pas dans des petites cases de fonctionna­ire. Ce qui me chicote dans cette idée de parité, c’est qu’on prend pour acquis que si on n’a pas une représenta­tion parfaiteme­nt égale hommes-femmes, il y a discrimina­tion sous roche.

Or, la raison pour laquelle j’ai capoté sur Paloma de Daniel Bélanger (sept fois nominés à L’ADISQ) n’a rien à voir avec ce qu’il a dans son pantalon.

Interviewé­e par Raphaël, Valérie Carpentier a affirmé : « Il faut éduquer les filles à avoir la même confiance en elles que les gars ». Misère, arrêtez de sortir la carte des victimes, mesdames ! Pensez-vous que Diane Dufresne, quand elle remplissai­t le Stade olympique en 1984, manquait de confiance en elle ?

PAS ASSEZ DE ROUX !

Commencer à analyser la musique selon le sexe, c’est aussi absurde que d’analyser la musique selon la couleur des cheveux.

S’il avait fallu utiliser ce critère, Ed Sheeran aurait pu se plaindre pendant des années qu’il n’y avait pas assez de roux qui étaient #1 au palmarès.

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