La musique n’a pas de sexe
Ho, ho, ho : cette année, les gars dominent (encore !) les nominations à L’ADISQ.
Ouain, pis ? Même si je suis féministe, cette info ne me choque pas du tout. Quand j’écoute de la musique, je me tape de savoir si c’est une femme, un homme, un/une transgenre ou « un individu non binaire ayant choisi de ne s’identifier à aucune identité de genre » ? La seule chose qui m’intéresse, c’est que ce soit de la maudite bonne musique.
OÙ SONT LES FEMMES ?
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le dossier de mon collègue Raphaël Gendron-martin, hier, sur la domination masculine (41 contre 16) dans les nominations à L’ADISQ. Ma conclusion : il y a des années où plus de gars font plus de tounes qui accrochent, et des années où plus de filles font plus de tounes qui accrochent.
On ne va pas faire un psychodrame chaque année où la balance ne penche pas du bord politiquement correct. Quand les femmes sont majoritaires dans un domaine, il faudrait applaudir leurs avancées, mais quand les gars sont majoritaires, il faudrait dénoncer le « boys’ club » et le patriarcat ?
Comme le démontrait clairement le dossier, hier, ce sont les femmes finalistes qui étaient plus nombreuses que les hommes en 2012 (29 contre 26). Est-ce que cette année-là, on a crié au « girls’ club » ?
« Je suis vraiment choquée de voir ça », disait hier Valérie Carpentier au sujet des compilations du Journal. Imaginez maintenant si, en 2012, un gars musicien avait dit : « Je suis vraiment choqué de voir que plus de femmes que d’hommes sont en nomination ». Il se serait fait jeter des tomates par toutes les militantes féministes au Québec.
Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté à voir les mots « parité » et « artistes » dans la même phrase. Qu’en politique on se donne comme objectif de représenter de façon équitable les hommes et les femmes, c’est une chose. Mais on ne va pas commencer à établir des quotas en musique, et surtout pas dans les nominations, en fonction du sexe !
La création artistique n’est pas affaire de pourcentage, de représentativité. C’est une expression personnelle, qui ne rentre pas dans des petites cases de fonctionnaire. Ce qui me chicote dans cette idée de parité, c’est qu’on prend pour acquis que si on n’a pas une représentation parfaitement égale hommes-femmes, il y a discrimination sous roche.
Or, la raison pour laquelle j’ai capoté sur Paloma de Daniel Bélanger (sept fois nominés à L’ADISQ) n’a rien à voir avec ce qu’il a dans son pantalon.
Interviewée par Raphaël, Valérie Carpentier a affirmé : « Il faut éduquer les filles à avoir la même confiance en elles que les gars ». Misère, arrêtez de sortir la carte des victimes, mesdames ! Pensez-vous que Diane Dufresne, quand elle remplissait le Stade olympique en 1984, manquait de confiance en elle ?
PAS ASSEZ DE ROUX !
Commencer à analyser la musique selon le sexe, c’est aussi absurde que d’analyser la musique selon la couleur des cheveux.
S’il avait fallu utiliser ce critère, Ed Sheeran aurait pu se plaindre pendant des années qu’il n’y avait pas assez de roux qui étaient #1 au palmarès.