UNE SITUATION CRITIQUE
Manque d’ambulances à Lévis
Des ambulanciers de Lévis soutiennent que le manque de véhicules sur leur territoire pourrait avoir contribué au décès d’au moins deux personnes sur la Rive-sud en août dernier.
Selon un registre tenu par plusieurs ambulanciers de Dessercom, et dont Le Journal a obtenu copie, les deux décès en question sont survenus à 48 heures d’intervalle, les 11 et 13 août derniers.
Il s’est écoulé respectivement 11 minutes et 17 minutes lors des deux événements avant qu’une ambulance arrive.
« Ces deux arrêts cardiorespiratoires ont été pris en charge par des ambulanciers de Saint-charles-de-bellechasse », indique PierLuc Croteau, ambulancier à Lévis.
Selon M. Croteau, les délais auraient été d’environ 5 à 8 minutes si les véhicules sur la RiveSud avaient été disponibles. Le 11 août, les cinq ambulances sur le terrain de jour étaient déjà sur des appels lorsque la demande est entrée. Le surlendemain, un des deux véhicules de nuit était en inspection, tandis que l’autre était déjà sur un appel.
De son côté, Dessercom ne peut faire de lien entre les décès et le nombre d’ambulances disponibles.
MOYENS DE PRESSION
Les ambulanciers de Lévis et de Québec sont en moyens de pression depuis février dernier, car leur convention collective est échue. Les paramédicaux portent notamment les pantalons cargo, colorent leurs ambulances et omettent de fournir des factures détaillées (voir autre texte).
Mais ces derniers maintiennent que ces moyens de pression n’ont rien à voir avec les délais de réponse qui les inquiètent.
« Nous sommes deux ambulances de nuit pour tout le territoire de Lévis, du centreville jusqu’au fond de Saint-lambert et SaintÉtienne, dénonce M. Croteau. Je ne voudrais pas que la population pense qu’il y a des délais d’attente à cause qu’il y a des moyens de pression. »
La situation n’est pas nouvelle sur la RiveSud, puisque déjà, en 2012, des ambulanciers de Lévis avaient publié une vidéo alarmante sur la situation. « Depuis, il n’y a eu aucun ajout de ressources », s’indigne Sébastien Cliche, aussi ambulancier chez Dessercom.
Selon Jean-françois Gagné, de la Fédération des employés du préhospitalier du Québec, la couverture à Lévis correspond à celle d’une ville de 45 000 habitants. Le territoire desservi, qui inclut Lévis et Saint-lambert-de-lauzon, en compte au moins 160 000.
SITUATION AUSSI ALARMANTE À QUÉBEC
La situation est aussi alarmante à Québec. Selon Frédéric Maheux, de l’association des travailleurs du préhospitalier, il faudrait une dizaine de véhicules de plus sur une période de 24 heures.
« Dès qu’il y a dix appels de plus que la normale, c’est le chaos total. Ça arrive régulièrement », soutient-il.