Qui a peur d’un turban ?
« Cachez ce turban que je ne saurais voir. » Voilà qui résume les sorties troublantes de Pierre Nantel et Martine Ouellet contre Jagmeet Singh, le populaire candidat à la chefferie du NPD et un sikh pratiquant qui porte le turban.
Pierre Nantel est un député du NPD né de la « vague orange » de 2011. Selon lui, le port du turban par M. Singh serait carrément incompatible avec « ce que les Québécois veulent voir dans leurs chefs publics ».
Comment ça, LES Québécois ? Depuis quand M. Nantel parle-t-il au nom d’une population entière ? C’est le genre de généralisation partisane qui fausse une réalité nettement plus diversifiée.
TROUBLANTES
Puis vint Martine Ouellet. La cheffe du Bloc québécois s’en est prise à ce qu’elle appelle la montée de la « gauche religieuse », aussi imaginaire soit-elle. Accusant M. Singh de porter le turban pour faire la promotion de sa religion, Mme Ouellet y voit même du prosélytisme, aussi imaginaire soit-il également.
Ces sorties sont troublantes parce qu’elles ciblent un possible chef de parti moins pour ses idées que pour son turban. Jagmeet Singh est pourtant un progressiste, autant sur le plan politique que social.
OBSESSION
Ces sorties témoignent aussi de cette obsession qu’ont certains élus de dénoncer les signes religieux en toutes circonstances au nom d’une « laïcité » à la française. Or, le crucifix trône encore au Salon bleu de l’assemblée nationale. Comme « laïcité », on repassera.
Qui plus est, comme le rappelait un internaute sur son fil twitter, le Bloc québécois – le même parti maintenant dirigé par Martine Ouellet – a déjà compté un curé dans son caucus : feu Raymond Gravel.
En complet cravate ou en col romain, Raymond Gravel était un humaniste et un progressiste. Pour son ex-chef, Gilles Duceppe, les idées de son député étaient tout ce qui comptait.
Pierre Nantel et Martine Ouellet seraient sages de s’en inspirer.