Leur firme pourrait perdre ses contrats
Québec va examiner si SMI, dont deux dirigeants ont été arrêtés mardi, peut encore avoir des deniers publics
Une des plus grosses firmes de génie-conseil du Québec pourrait perdre le droit d’obtenir des contrats publics, parce que deux de ses principaux dirigeants sont accusés de corruption.
Québec a entrepris hier des vérifications pour déterminer si le Groupe SM international (SMI) et ses filiales pourront continuer de faire affaire avec le gouvernement et les villes.
Le président fondateur de SMI, Bernard Poulin, a été arrêté mardi par l’unité permanente anticorruption (UPAC), tout comme Dany Moreau, vice-président Infrastructures de l’entreprise.
Les deux hommes sont accusés de fraude, complot et corruption dans les affaires municipales, pour leur participation alléguée à un réseau de partages de contrats publics à la Ville de Montréal totalisant 160 M$. Six autres personnes ont aussi été arrêtées, dont l’ex-président du comité exécutif Frank Zampino, qui était jadis l’homme de confiance de l’ancien maire Gérald Tremblay.
Contrairement à Zampino, c’est la première fois que Poulin, 66 ans, fait face à la justice dans une affaire de corruption alléguée. L’entreprise que l’ingénieur et homme d’affaires a fondée en 1972 est devenue une des plus importantes au Québec. Selon son site web, elle compte 1000 employés et ses projets en cours totalisent 18 G$.
142 CONTRATS À MONTRÉAL
SMI fait notamment des affaires d’or au municipal. La Ville de Montréal, que Poulin et Moreau sont accusés d’avoir fraudée entre 2001 et 2009, a accordé au moins 142 contrats totalisant près de 61 M$ à SMI ou ses filiales depuis 2012.
Trois de ces contrats ont été octroyés en août dernier. Leur légalité n’est pas contestée actuellement, mais «si des irrégularités sont constatées, le contrôleur général recommandera que des mesures soient prises», explique le porte-parole Gonzalo Nunez.
Le ministère des Transports, le ministère des Ressources naturelles et la Commission scolaire de Montréal figurent aussi parmi les clients de SMI.
C’est l’autorité des marchés financiers (AMF) qui détermine si une entreprise a le droit de conclure des contrats publics. SMI avait le feu vert gouvernemental depuis 2014, mais ce laissez-passer est maintenant compromis.
Hier, Sylvain Théberge, porte-parole de cette organisation, a confirmé à notre Bureau d’enquête que L’AMF a transmis le dossier de SMI à la division vérification de L’UPAC pour que son cas soit réévalué.