La diplomatie américaine malmenée
Aux Nations unies, Donald Trump a démontré que la diplomatie et la recherche des compromis nécessaires à la coopération internationale ne sont pas ses priorités, mais son discours n’était que la pointe de l’iceberg.
Devant L’ONU, Donald Trump a prononcé mardi un discours sans précédent. Fidèle aux promesses faites à son électorat isolationniste, il annonçait rien de moins que l’abandon de toute prétention à la diplomatie et au volontarisme des États-unis sur la scène internationale et leur remplacement par l’affirmation de la puissance et la défense de l’intérêt national à courte vue.
Devant l’assemblée générale d’une organisation qui dépend de la volonté de ses membres de limiter l’exercice de leur souveraineté, il faisait l’éloge du chacun-pour-soi.
AMERICA FIRST !
Bien sûr, un État ne peut pas négliger son intérêt. En revanche, l’intérêt réel à long terme exige souvent de faire des concessions incompatibles avec la vision myope de Trump.
Malgré sa réputation d’homme d’affaires pragmatique et « transactionnel », les discours et les actions du président américain vont dans le sens d’un abandon de la diplomatie.
Par exemple, son insistance à remettre en question presque toutes les ententes internationales qui lient les États-unis – en particulier celles conclues par Barack Obama – lance le message à ses vis-à-vis que la signature des États-unis ne vaut pas le papier où elle est inscrite.
Cet abandon de la diplomatie ne se résume pas aux discours de Trump. Si ce n’était que ça, on pourrait les escompter en disant que ce n’est qu’un spectacle destiné à sa base électorale.
Loin des projecteurs, l’administration Trump se livre à un démantèlement systématique des capacités diplomatiques du pays.
Non seulement l’administration n’a pas nommé de candidats pour un grand nombre de postes de haut niveau au département d’état, mais on assiste à un exode des experts de carrière dans plusieurs domaines clés.
En plus d’affaiblir la diplomatie, cette attrition du personnel compromet les capacités d’analyse qui permettent de gérer des crises comme celle qui touche la Corée du Nord.
Par-dessus le marché, les experts de toutes tendances s’entendent à dire que le secrétaire d’état Rex Tillerson n’est pas à la hauteur de son poste.
Trump se livre à un démantèlement systématique des capacités diplomatiques du pays
PARLER DOUCEMENT…
Il est de plus en plus difficile de déceler dans l’administration Trump une volonté de mener ses relations internationales sur une base autre que la loi du plus fort.
La puissance brute qu’il privilégie est importante, mais elle doit être accompagnée de finesse et de diplomatie. C’est ce pouvoir discret, que les Américains appellent soft power, qui fait défaut à Donald Trump et que son administration est en train de dilapider.
Theodore Roosevelt, un grand président qui croyait à l’affirmation de la puissance en politique étrangère, avait comme devise « speak softly and carry a big stick ».
Le problème est que l’incapacité de parler doucement peut augmenter de beaucoup les risques d’utiliser le gros bâton, et ça, ça ne sert l’intérêt de personne.