« J’ai cru que j’allais mourir »
Après le tremblement de terre meurtrier, une Québécoise qui vit à Mexico City a aidé aux recherches
En plein coeur du puissant tremblement de terre à Mexico City, une Québécoise a vécu une « minute de terreur », convaincue que le sol allait se dérober sous ses pieds.
« J’étais au deuxième étage d’un centre commercial, dans un magasin de vêtements. J’essayais de fuir, mais j’étais incapable de marcher vers la sortie. Des morceaux de plafond s’effondraient. J’ai cru que j’allais mourir », témoigne Marielin Hamel.
Après ce qui lui a paru une « minute de terreur », elle s’est ruée vers l’extérieur, comme des centaines d’autres personnes présentes dans le centre d’achat. Une fois sur la rue, des policiers demandaient aux piétons de se réunir dans le milieu du chemin.
« C’était l’endroit le plus sécuritaire où se trouver, en cas de répliques de secousses. Je suis restée là pendant environ une heure », raconte-t-elle.
Autour d’elle, des gens criaient, pleuraient, priaient. Plusieurs étaient stupéfaits que cela survienne à pareille date, la même que le séisme meurtrier d’il y a 32 ans.
Incapable d’utiliser le réseau cellulaire pendant près d’une heure, elle a finalement pu avoir des nouvelles de son conjoint. Ce dernier avait dû abandonner son véhicule au centre-ville de Mexico, parce que des pavés de rue s’étaient soulevés par la force des secousses.
ENTRAIDE
Mme Hamel a ensuite marché jusque chez elle. Plus elle s’approchait de son appartement, plus elle comprenait l’ampleur des dégâts. Elle habite dans le quartier Condesa, une des zones les plus touchées.
Elle avoue avoir été émue par de nombreuses scènes d’entraide. Des citoyens qui aident aux recherches, des chaînes humaines pour déplacer des débris ou transporter des denrées. On demandait aussi aux gens de garder le silence, au cas où des blessés appelleraient à l’aide.
Une fois chez eux, Mme Hamel et son conjoint ont sorti leurs seaux, leurs bacs, ainsi que toutes les denrées non péris- sables dans leur garde-manger.
« On est allés porter ça dans un parc qui servait de point de ravitaillement. On a aussi participé à des chaînes humaines, pour aider », explique-t-elle.
Autour de chez elle, plusieurs édifices ont été détruits ou sont condamnés par les autorités. Son immeuble ne s’est heureusement pas effondré, mais il est inhabitable pour le moment, explique-t-elle.
« On est allés chercher des effets personnels à l’appartement. J’en suis partie en pleurant. Il y a des fissures sur les murs, du plancher au plafond. Tout a été renversé, il y a de la vitre et des tuiles à la grandeur sur le plancher », résume-t-elle.
VILLE DÉSERTE
Selon elle, la panique se ressentait les heures après le tremblement de terre. Mais depuis, l’entraide et l’espoir semblent avoir pris le dessus. Malgré tout, plusieurs s’inquiètent. Dont elle.
« Habituellement, il y a toujours du trafic sur les routes près de chez nous. Là, il n’y a personne. Les gens ont fui la ville », dit Mme Hamel, ajoutant qu’il s’agit du deuxième tremblement de terre en deux semaines.
La jeune femme a récemment quitté Montréal où elle travaillait dans le milieu de la finance pour s’installer au Mexique avec son conjoint qui y est originaire. Ce drame la fait réfléchir et pourrait même l’inciter à raccourcir son séjour.
AVENIR INCERTAIN
« On ne sait pas si on va rester ici. Je pensais m’installer ici pour un an, le temps de découvrir le pays de mon copain, d’apprendre sa langue. Mais là, je suis à un tournant. Sans appartement, sans emploi, je ne sais pas si je vais rester ici ou si on va revenir au Canada plus tôt que prévu », lance-t-elle.
Mais si elle doit se trouver un autre logement à Mexico City, elle cherchera loin du quartier branché où elle résidait.
« C’est le même quartier qui a été durement touché en 1985, lors du gros tremblement de terre. Les amis de mon copain nous disaient à la blague qu’on était fous d’aller s’y installer. On ne pensait pas que ça allait se reproduire », indique-t-elle.