L’accord entre enfin en vigueur
Pour autant, les barrières douanières ne vont pas tomber immédiatement
Sa négociation a pris des années, coûté des millions de dollars et donné lieu à maintes scènes dignes d’un mélodrame. L’accord économique et commercial global Canada-europe (AECG) entre enfin en vigueur, ce matin. Et, du fromage aux vins en passant par les médicaments, il pourrait changer bien des choses pour le consommateur et les entrepreneurs d’ici.
Il ne faudra toutefois pas s’attendre à voir des tonnes de fromages français ou de vins meilleur marché débarquer du jour au lendemain dans nos magasins. Comme l’a démontré sa négociation, l’accord est complexe et sa mise en oeuvre s’échelonnera sur près de six ans, dans la plupart des secteurs de l’économie.
« Jeudi, les barrières douanières commencent à chuter entre l’europe et le Canada. Ça ne veut pas dire que ça tombe immédiatement. Mais ça veut dire que ça va coûter, progressivement, de moins en moins cher d’importer des marchandises européennes. On peut s’attendre à ce que les prix commencent à baisser », explique Krzysztof Pelc, professeur de science politique à l’université Mcgill.
DE NOMBREUSES OCCASIONS
Pour les exportateurs d’ici aussi, les occasions sont nombreuses, souligne le ministre fédéral du Commerce international, François-philippe Champagne, en entrevue au Journal.
Contrairement à ses détracteurs, il ne pense pas que les entreprises canadiennes vont être affaiblies par l’accord.
« Près de 9000 lignes tarifaires tombent à zéro. Nos marchés publics canadiens représentent 286 milliards $ par an, et nous avons maintenant accès à un marché de 3300 milliards $, plus de dix fois plus, pour nos entreprises. »
En outre, l’europe représente un marché de 500 millions de consommateurs potentiels.
La diminution des barrières est par ailleurs échelonnée sur de nombreuses années afin de permettre aux producteurs d’ici de s’adapter à la concurrence accrue de joueurs européens.
DÉCEPTION À LA CAISSE
Les consommateurs qui ont hâte de payer moins cher pour leur fromage pourraient toutefois être déçus.
M. Pelc, expert en commerce international, qualifie même d’« occasion manquée » les dispositions de l’accord sur les produits laitiers.
En vertu de L’AECG, 17 700 tonnes additionnelles de fromages européens entreront au Canada chaque année, ce qui représente à peine 4 % du marché actuel.
« Le Canada aurait pu se permettre de couper davantage [les protections de l’industrie laitière canadienne], mais leur lobby est puissant. Le consommateur n’en bénéficiera pas autant que ça. »
Les fermes laitières et producteurs fromagers ont en outre bénéficié d’une indemnisation de 350 M$ d’ottawa pour les aider à mieux rivaliser avec l’europe.