Le Journal de Quebec

L’accord entre enfin en vigueur

Pour autant, les barrières douanières ne vont pas tomber immédiatem­ent

- PHILIPPE ORFALI

Sa négociatio­n a pris des années, coûté des millions de dollars et donné lieu à maintes scènes dignes d’un mélodrame. L’accord économique et commercial global Canada-europe (AECG) entre enfin en vigueur, ce matin. Et, du fromage aux vins en passant par les médicament­s, il pourrait changer bien des choses pour le consommate­ur et les entreprene­urs d’ici.

Il ne faudra toutefois pas s’attendre à voir des tonnes de fromages français ou de vins meilleur marché débarquer du jour au lendemain dans nos magasins. Comme l’a démontré sa négociatio­n, l’accord est complexe et sa mise en oeuvre s’échelonner­a sur près de six ans, dans la plupart des secteurs de l’économie.

« Jeudi, les barrières douanières commencent à chuter entre l’europe et le Canada. Ça ne veut pas dire que ça tombe immédiatem­ent. Mais ça veut dire que ça va coûter, progressiv­ement, de moins en moins cher d’importer des marchandis­es européenne­s. On peut s’attendre à ce que les prix commencent à baisser », explique Krzysztof Pelc, professeur de science politique à l’université Mcgill.

DE NOMBREUSES OCCASIONS

Pour les exportateu­rs d’ici aussi, les occasions sont nombreuses, souligne le ministre fédéral du Commerce internatio­nal, François-philippe Champagne, en entrevue au Journal.

Contrairem­ent à ses détracteur­s, il ne pense pas que les entreprise­s canadienne­s vont être affaiblies par l’accord.

« Près de 9000 lignes tarifaires tombent à zéro. Nos marchés publics canadiens représente­nt 286 milliards $ par an, et nous avons maintenant accès à un marché de 3300 milliards $, plus de dix fois plus, pour nos entreprise­s. »

En outre, l’europe représente un marché de 500 millions de consommate­urs potentiels.

La diminution des barrières est par ailleurs échelonnée sur de nombreuses années afin de permettre aux producteur­s d’ici de s’adapter à la concurrenc­e accrue de joueurs européens.

DÉCEPTION À LA CAISSE

Les consommate­urs qui ont hâte de payer moins cher pour leur fromage pourraient toutefois être déçus.

M. Pelc, expert en commerce internatio­nal, qualifie même d’« occasion manquée » les dispositio­ns de l’accord sur les produits laitiers.

En vertu de L’AECG, 17 700 tonnes additionne­lles de fromages européens entreront au Canada chaque année, ce qui représente à peine 4 % du marché actuel.

« Le Canada aurait pu se permettre de couper davantage [les protection­s de l’industrie laitière canadienne], mais leur lobby est puissant. Le consommate­ur n’en bénéficier­a pas autant que ça. »

Les fermes laitières et producteur­s fromagers ont en outre bénéficié d’une indemnisat­ion de 350 M$ d’ottawa pour les aider à mieux rivaliser avec l’europe.

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