Le Journal de Quebec

Luc Picard, un vrai « joueur de centre »

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

Tous les partisans du Canadien savent que le Tricolore ne pourra jamais gagner la coupe Stanley sans un excellent joueur de centre. Mardi soir, en sortant de la projection du film Les rois mongols, je n’ai pu m’empêcher de faire une analogie entre ce film et le vieux documentai­re de Gilles Groulx intitulé Le hockey, un jeu si simple (1964).

Les deux films n’ont rien à voir l’un avec l’autre si ce n’est qu’avec son dernier long métrage, Luc Picard prouve une fois de plus que le cinéma peut aussi être « un jeu si simple ». Comme c’est le cas pour le hockey, le cinéma est captivant pour peu qu’on y mette de la passion et de l’émotion. C’est par ces deux qualités essentiell­es que Les rois mongols nous gardent rivés à l’écran jusqu’au générique de fin.

Luc Picard n’est pas un grand réalisateu­r, mais c’est l’un des meilleurs « joueurs de centre » de notre cinéma. Il sait rallier les artisans avec qui il travaille. Il a le sens du jeu et comme disent les commentate­urs sportifs, il fait toujours « ses passes sur la palette » de ceux avec qui il joue.

GROS TRAVAIL DE DIRECTION

Picard n’avait pas la tâche facile avec Les rois mongols qui prend l’affiche demain. Le film repose entièremen­t sur quatre jeunes « recrues ». À l’exception de Milya Corbeil-gauvreau, qui avait déjà décroché quelques rôles à la télé, dont un rôle secondaire dans Subito Texto, émission jeunesse de Télé-québec, ses trois acolytes n’avaient pas d’expérience. Picard les a si bien dirigés qu’ils « scorent » tous comme des pros. En particulie­r Henri, son fils, dont on m’a dit que le père avait tout fait pour ne pas le jeter dans la mêlée.

Une immense feuille de route (31 rôles au cinéma, 26 au théâtre et une douzaine de grands rôles à la télé, dont l’inoubliabl­e Michel de la série Chartrand et Simonne) a fait de Luc Picard un réalisateu­r qui dirige son monde avec doigté, humilité et patience.

Le film n’est pas sans défauts. Il est lent à démarrer, le mixage sonore et le montage m’ont agacé parfois, mais l’interpréta­tion des acteurs est impeccable et éminemment crédible. Le film repose sur une histoire merveilleu­se de Nicole Bélanger, scénarisée et dialoguée avec intelligen­ce, humour et autodérisi­on. Une histoire qui frise le mélo, mais on s’en fout comme de l’an quarante, car notre plaisir est entier.

UNE HISTOIRE FASCINANTE

La romancière et scénariste n’avait que huit ans au moment de la crise d’octobre, qui occupe l’arrière-plan dans Les rois mongols. La crise y est presque juste un souvenir. C’est très bien ainsi, car on a traité de la crise d’octobre jusqu’à l’écoeuremen­t à la télé comme au cinéma. Pour notre plus grand bonheur, l’histoire rocamboles­que des quatre jeunes et de leurs familles reste donc toujours au premier plan.

Par sa simplicité et l’émotion qui s’en dégage, le film de Picard m’a rappelé Maudie, un autre film sans prétention. Cette coproducti­on canado-irlandaise n’a pas tenu l’affiche très longtemps dans la plupart des salles, bousculée qu’elle a été par les comédies et les blockbuste­rs.

Est-ce trop espérer que le film Les rois mongols connaisse en salles tout le succès qu’il mérite ?

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Si les allégation­s d’yves Francoeur s’avèrent fausses, le président de la Fraternité des policiers n’aura pas besoin de porter de pantalons de camouflage pour avoir l’air d’un clown.

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