Si près du but et pourtant si sages
Julianne Séguin et Charlie Bilodeau cognent à la porte des Jeux olympiques
MONTRÉAL | Ils pourraient devenir le premier couple de patineurs québécois pure laine en 20 ans à participer aux Jeux olympiques, mais il faut chercher ailleurs qu’auprès de Julianne Séguin et Charlie Bilodeau pour s’emballer avec cette idée.
Ce n’est ni par snobisme ni par désintérêt que le duo d’avenir de l’équipe canadienne de patinage artistique refuse de se laisser aveugler par les anneaux olympiques brillant au loin. Leur retenue s’explique plutôt par la sagesse, une attitude étonnante venant de deux athlètes dans la jeune vingtaine et qui travaillent ensemble depuis moins de cinq ans.
«Chaque chose en son temps», nous a répété à quelques reprises Bilodeau, en marge de la Classique internationale d’automne qui se déroule au Sportplexe de Pierrefonds, d’aujourd’hui à samedi.
TROIS COUPLES AUX JEUX
Pourtant, les deux complices cognent bel et bien à la porte des Jeux de Pyeongchang. Le Canada y enverra trois paires à la compétition olympique et celle du Québec figure parmi les quatre plus valeureuses candidatures, dont celle incontestable de Meagan Duhamel et Eric Radford, champions du monde en 2015 et 2016.
Une saison olympique s’annonce dure pour les nerfs quand on est un prétendant de l’équipe canadienne. Tout grand résultat de l’année en cours et de la précédente est considéré par le Comité haute performance, mais c’est surtout le classement aux championnats nationaux à Vancouver, du 8 au 14 janvier, qui dictera la nomination de l’équipe qui s’envolera en Corée du Sud.
«Pour l’instant, on est au mois de septembre et on n’est pas déjà en train de penser à février. Nous avons toujours eu cette même approche à chaque année», rappelle Bilodeau, qui compte certaines réussites internationales comme preuves, à commencer par leur titre de vice-champions du monde juniors en 2015.
SÉRIE DE COMMOTIONS
Cette sagesse du couple découle d’une deuxième moitié de saison difficile, l’hiver dernier, résultat d’une série de commotions cérébrales subies par Julianne Séguin. La saison avait bien débuté, avec notamment leur victoire au Grand Prix Skate America à Chicago en octobre. Ajoutée à leur première position à la Classique d’automne de Pierrefonds, leur tenue durant les premiers mois leur avait valu une sélection pour les championnats mondiaux en Finlande, de mars dernier, même s’ils avaient dû renoncer entretemps aux nationaux d’ottawa, justement en raison d’une première commotion.
«C’est une expérience qui nous a fait grandir», résume le patineur de 24 ans.
«Chaque parcours est différent, mais l’expérience qu’on a acquise on ne peut pas nous l’enlever. On ne souhaite jamais de blessures et on souhaite plutôt un parcours parfait, mais ça n’arrive pas toujours. Malgré tout ce qu’on a vécu, on a passé au travers et on a grandi de ça», émet sa partenaire, qui estime à l’équivalent de deux mois la somme des entraînements «en santé» exécutés par le couple depuis le mois de janvier.