Le Journal de Quebec

Les élus boudent une formation sur l’éthique

L’atelier prévu pour les élus des petites villes a été annulé à cause d’un manque d’inscriptio­ns

- ROBERT PLOUFFE MARTIN BOUFFARD Avocat

Réunis en congrès cette semaine, les élus des municipali­tés de petite taille (5000 habitants et moins) ont décidé de bouder la formation sur l’éthique, a appris notre Bureau d’enquête.

La Fédération québécoise des municipali­tés (FQM), qui tient son 76e congrès à Québec sous le thème « Fiers de notre monde », a dû annuler le cours « comporteme­nt éthique des élus » en raison du manque d’inscriptio­ns.

« Il n’y avait pas assez de participan­ts », explique le porte-parole de la FQM, Mathieu Leblanc.

Les élections municipale­s de novembre pourraient expliquer la situation, selon lui. « Souvent, ce sont les nouveaux élus qui suivent cette formation. Il y a beaucoup d’élus qui ne se représente­nt pas et chez ceux qui se représente­nt, plusieurs ont déjà suivi le cours. »

La formation d’une journée devait se tenir aujourd’hui, la veille de l’ouverture du congrès, et pouvait accueillir 25 participan­ts. Sur la dizaine de cours disponible­s, un seul autre, « Parler en public : atelier pratique », a été annulé faute d’inscriptio­ns.

CONFLITS D’INTÉRÊTS ?

La FQM avait retenu les services de la firme Morency Avocat pour offrir le cours d’éthique. Joint par notre Bureau d’enquête, le responsabl­e en droit municipal pour la firme, Me Martin Bouffard, est d’avis que dans la foulée de la commission Charbonnea­u, les élus ont avantage à suivre cette formation, même plus d’une fois.

« On leur explique les règles d’éthique et de déontologi­e. Tu ne peux pas voter quand tu es en conflit d’intérêts et tu ne peux pas accepter un avantage qui compromet ton impartiali­té. Il y a des beaux cas d’espèce qui sont soumis dans des exercices et on amène les gens à faire une réflexion », fait valoir Me Bouffard.

Ce dernier est d’avis que trop de maires et de conseiller­s de petites municipali­tés ne prennent pas au sérieux ce type de formation.

« Je peux vous dire que des élus qui ne l’ont pas suivie et qui m’ont déjà dit dans des mots pas nécessaire­ment d’église qu’ils ne la suivraient pas, j’en connais rien qu’en masse », lance le coloré avocat.

OBLIGATOIR­E

À l’approche des élections du 5 novembre, la FQM tient à rappeler aux élus que le cours en comporteme­nt éthique est obligatoir­e. « L’article 15 de la Loi sur l’éthique et la déontologi­e en matière municipale précise que le nouvel élu doit suivre la formation en comporteme­nt éthique dans les six mois suivant son élection », précise le porte-parole Mathieu Leblanc.

« Après les élections, nous allons offrir ce cours à la grandeur du Québec et nous sommes convaincus qu’il va afficher complet », insiste M. Leblanc.

« On va même l’offrir en ligne afin de rejoindre les élus des municipali­tés les plus éloignées comme Blanc-sablon ou Natashquan. »

Une fois la formation complétée, la FQM remet une attestatio­n aux politicien­s.

« Si un élu fait l’objet d’une plainte au cours de son mandat pour un manquement au code d’éthique, le fait de ne pas avoir suivi le cours devient un facteur aggravant pour la Commission municipale qui pourra imposer une sanction plus grave, explique Me Bouffard. [...] C’est le bâton et la carotte. »

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PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA FQM Le congrès de la Fédération québécoise des municipali­tés accueille chaque année plus de 2000 élus. En 2016 (photo), tout comme cette année, l’événement se tenait au Centre des congrès de Québec.
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