Cogeco fait peur au monde
Louis Audet, le grand patron de Cogeco, est inquiet. Très inquiet. En effet, un sondage CROP commandé par son entreprise montre que deux Québécois sur trois voteraient pour un politicien populiste qui proposerait de fermer les frontières, de défendre l’identité nationale, de ne pas obéir aux élites et de travailler pour la classe moyenne.
Une menace pour le Canada, a dit monsieur Audet devant les membres du Cercle canadien de Montréal, qui tremblaient tellement fort qu’ils en ont échappé leur vin blanc.
PARLER AU PEUPLE ? POUAH !
Décortiquons les propos du patron de Cogeco.
Primo, qu’entend-il par « populiste » ? Un politicien ou un commentateur qui parle au peuple des sujets qui intéressent le peuple dans des mots que le peuple comprend ?
Si c’est ça, je ne vois pas ce qu’il y a de si inquiétant…
Cogeco est propriétaire de plusieurs stations de radio, dont le 98,5 FM à Montréal et le FM 93 à Québec.
Dans la première, on peut entendre Mario Dumont (ex-chef de L’ADQ) et Bernard Drainville (père de la Charte des valeurs), et dans la seconde, Éric Duhaime et le Doc Mailloux.
Ces animateurs, qui participent à enrichir votre entreprise, sont-ils de méchants populistes, Monsieur Audet ? Ou juste des commentateurs colorés ?
Secondo, en ce qui a trait à la « fermeture des frontières ».
Le sondage qui effraie tant le patron de Cogeco a été effectué en pleine crise des migrants illégaux.
Se pourrait-il que les Québécois ne souhaitent pas que l’on ferme les frontières de la province, juste qu’on les respecte ?
Pas évident de se prononcer sur un sujet aussi complexe dans le cadre d’un sondage. Il faut développer, expliquer sa position… Chose qu’un sondage ne nous permet pas de faire.
Il y a une différence entre vouloir abaisser le seuil d’immigration pour mieux intégrer les nouveaux arrivants et être contre l’immigration.
Le patron de Cogeco a peur des « populistes »…
« OBÉIR » À L’ÉLITE ?
Tertio : « Défendre l’identité nationale ».
On ne parle pas ici d’avoir un Québec plus blanc que blanc, juste de défendre des valeurs qui nous tiennent à coeur, comme l’égalité hommesfemmes et le respect des minorités culturelles. Qu’y a-t-il de mal à ça ? Quarto : « Ne pas obéir aux élites ». Pourquoi le peuple (c’est-à-dire : les clients de monsieur Audet, ceux qui mettent du caviar sur son pain) devrait-il obéir à une classe, exactement ?
Et de quelle élite parle monsieur Audet ?
Celle qui a appuyé les communistes et les maoïstes ? Ce n’est pas parce qu’on est intello qu’on a raison et qu’on voit juste. L’histoire des intellectuels est semée de dérapages majeurs et de prises de position débiles.
Et si le peuple s’est détourné de l’élite, c’est peut-être parce que l’élite l’a abandonné et le méprise ouvertement.
LES CONTRIBUABLES ? POUAH !
Enfin, « travailler pour la classe moyenne ».
Euh… En quoi est-ce un crime de parler au nom des contribuables, au juste ?
Monsieur Audet pense-t-il que les politiciens devraient plutôt travailler pour les prestigieux membres du Cercle canadien de Montréal ?
En passant, si le grand patron de Cogeco veut faire de la politique, qu’il saute la clôture comme l’a fait un autre magnat des médias.