Sous les missiles
Malgré les essais balistiques passant au-dessus de leur tête, les Japonais ne s’inquiètent pas outre mesure des démonstrations de force entre les présidents Trump et Kim Jong-un et continuent de s’affairer dans les rues de Tokyo comme à leur habitude, c’est-à-dire besogneux et obsédés d’éviter toute perte de temps.
SCEPTICISME
Selon les propos recueillis dans la capitale japonaise, il y a de forts doutes sur la puissance réelle de Pyongyang et une perception plutôt misérabiliste quant aux conditions de vie des citoyens du nord de la péninsule coréenne. La propension du dirigeant nord-coréen à défier les États-unis s’apparenterait à cette vieille stratégie de mobilisation du peuple contre un ennemi extérieur rendu le plus monstrueux possible afin de faire oublier à la population ses propres pérégrinations.
Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec l’attitude même du président américain qui semble s’inspirer de cette même logique. Empêtré dans la réalisation de son programme politique et sous la loupe d’un Sénat qui veut scruter de possibles relations entre son entourage et la Russie, Donald Trump multiplie les sources de tension. Les diatribes avec la Corée du Nord, l’iran et le Vénézuéla et ses sautes d’humeur quotidiennes contre des ennemis intérieurs, tels les journalistes ou les athlètes professionnels, servent surtout à masquer son incurie.
UN JEU DANGEREUX
Le premier ministre japonais Shinzõ Abe profiterait de cette chicane entre l’allié américain et son voisin nord-coréen pour se faire réélire en appelant prochainement à des élections. Très bas dans les sondages avec un bilan peu reluisant, il ya à peine quelques mois, l’enflure verbale des deux présidents étrangers l’a soudainement transformé en gage de stabilité pour une partie importante de ses compatriotes.
Shinzõ Abe ne sera pas le seul dirigeant étranger à tirer avantage de ce conflit pour redorer son blason ; espérons toutefois de ne pas voir poindre les profiteurs de guerre.