Les É.U. se rangent derrière Boeing
Le département du Commerce américain impose des droits de 220 % sur les appareils C Series
C’est encore pire que ce qu’anticipait Bombardier. Le département américain du Commerce s’est rangé derrière le géant de l’aviation Boeing, hier, estimant que la compagnie québécoise a vendu à des prix trop faibles ses avions C Series. Bombardier se voit imposer des droits compensatoires de 219,63 % pour chacun de ses appareils aux États-unis. Trois fois plus que ce que demandait Boeing.
Washington vient, dans les faits, de tripler le coût des avions C Series aux États-unis. Boeing demandait que des droits compensatoires et antidumping de 80 % soient imposés aux avions québécois.
Cette décision va nuire aux chances de Bombardier de percer le marché américain. Celle-ci n’entrera toutefois en vigueur qu’à la suite d’un autre jugement, en février 2018.
« Nous sommes totalement en désaccord. L’ampleur des droits suggérés est absurde et déconnectée de la réalité [...]. Boeing tente d’utiliser un processus biaisé pour étouffer la concurrence et priver les compagnies aériennes américaines et leurs passagers des bénéfices des avions C Series », a déclaré Bombardier.
En 2016, la montréalaise a vendu 75 avions C Series à Delta Airlines, premier client « majeur » à se procurer les nouveaux appareils. Boeing affirme que Bombardier a bénéficié de subventions des gouvernements du Québec, du Canada et du Royaume-uni, « qui lui ont permis de faire du dumping de ses produits sur le marché américain, causant du tort aux travailleurs américains de l’aérospatiale ».
BEAUCOUP D’INCONNUES
Beaucoup d’inconnues demeurent, à commencer par les conséquences de cette décision sur la vente d’avions à Delta.
Comme le souligne la professeure de droit international Geneviève Dufour, de l’université de Sherbrooke, Bombardier pourrait « porter appel de la décision devant plusieurs instances, autant aux États-unis qu’à l’organisation mondiale du commerce (OMC) » au cours des prochains mois. Une décision finale pourrait prendre des années.
Hier, l’action de l’avionneur a tout de même bondi de 14 % en bourse, avant de clôturer à 2,27 $.