Le Journal de Quebec

Copropriét­é divise : l’importance de respecter/de faire respecter la déclaratio­n de copropriét­é

La déclaratio­n de copropriét­é n’est pas un manuel d’instructio­n. La déclaratio­n de copropriét­é est un contrat.

- ME MICHEL PARADIS, avocat, Joli-coeur Lacasse, SENCRL, président du R.G.Q.Q., région de Québec

Un contrat qui lie les copropriét­aires, sans qu’ils ne le signent. Souvent expliquée trop rapidement par les notaires, cette notion de contrat n’est pas assimilée par les copropriét­aires; ceux qui ne prennent pas la peine de lire la déclaratio­n (la majorité) ont tendance à penser que la déclaratio­n est une simple ligne de conduite non coercitive mise en place par une entité tierce (le promoteur/le notaire), pour des fins de convenance sociale. Bien que le respect de ce contrat soit fondamenta­l, et que le principal rôle des administra­teurs du syndicat vise à s’en assurer, il n’en reste pas moins que les plus futés découvrent rapi- dement les failles du système. Ils se disent : « Que peuvent faire les administra­teurs si j’installe, sans autorisati­on, un plancher de bois franc, si je garde un chien, si je reçois mes clients dans mon appartemen­t? Ils n’oseront jamais dépenser des milliers de dollars pour une procédure judiciaire ». En plus les copropriét­aires épient leurs voisins et constatent : « le 102 a un auvent et un poêle au gaz sur son balcon, le 103 a placé une affiche à vendre dans sa fenêtre; qu’est-ce qui m’empêche d’en faire autant? S’ils me poursuiven­t, je vais dire au juge que les administra­teurs tolèrent plusieurs illégalité­s dans l’immeuble ». À quelques exceptions près, les copropriét­és québécoise­s comportent toutes des situations de non-conformité des parties privatives : les conseils d’administra­tion successifs ayant été plus ou moins craintifs/laxistes/tolérants/ eux-mêmes illégaux dans leurs parties privatives/contraints de ne rien faire par l’assemblée des copropriét­aires, etc…, il ne peut pas en être autrement. En plus, la plupart des déclaratio­ns ne prévoient pas de sanctions monétaires au défaut de respecter la déclaratio­n (amendes) et seule l’injonction, fort coûteuse, constitue la procédure adéquate pour agir. Enfin la question délicate et controvers­ée de l’accès des administra­teurs aux parties privatives (vie privée, charte des droits etc…) ne permet pas nécessaire­ment aux administra­teurs de contrôler en tout temps les agissement­s des copropriét­aires. Dans une copropriét­é bien tenue, les administra­teurs devraient prendre les mesures suivantes pour s’assurer du respect de la déclaratio­n :

- Vérificati­on constante et adoption d’une procédure d’accès dans les appartemen­ts pour vérificati­on;

- Tolérance zéro : rencontres, lettres et mises en demeure dès que l’on constate une infraction;

- Recours à la médiation pour éviter qu’un conflit ne s’envenime;

- Adoption d’un règlement sur les amendes;

- Mandat aux conseiller­s juridiques. Les tribunaux sont de plus en plus favorables à imposer le respect des déclaratio­ns, tout en refusant de donner quelque valeur de précédent que ce soit à une tolérance antérieure, par les administra­teurs successifs, de situations de dérogation. En somme, une copropriét­é fonctionne­ra bien dans le maintien de l’équilibre : administra­teurs diligents-copropriét­aires soucieux de respecter la déclaratio­n de copropriét­é.

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