Le Journal de Quebec

Aplaventri­sme

- SOPHIE DUROCHER

Il était une fois, le village de Canadix.

Le chef, Justin Selfix, et Mélanie Idéfix ont vu arriver le géant Netflix.

Pensez-vous qu’ils lui sont tombés dessus « Abraracour­cix » quand ils ont vu que Netflix ne voulait pas payer des taxes locales sur ses belles images ?

Non, ils ont laissé Netflix s’installer, lui ont servi un sanglier rôti, ont trinqué au « congé de taxes », en demandant seulement qu’il jette quelques grenailles pour de la production locale.

Heureuseme­nt qu’à Québecix, un petit village d’irréductib­les Gaulois résistait encore et toujours à l’envahisseu­r.

Après avoir bu la potion du druide Jean-coutix, le chef Luc Fortix s’exclama : « Par Toutatis ! Qu’ils payent, comme tous les autres ! »

LA COLÈRE DE QUÉBEC

Ouf ! Cela faisait du bien, hier, de voir le ministre de la Culture du Québec Luc Fortin exprimer sa colère et dénoncer l’aplaventri­sme d’ottawa devant Netflix. On aurait presque cru qu’il avait bu la potion magique d’obélix.

C’est quand même ironique que la semaine où Justin se tient debout devant Boeing, il choisisse de se mettre à plat ventre devant Netflix.

Justin se tient debout devant un géant américain de l’aéronautiq­ue, mais s’aplatit comme une carpette devant un géant américain des médias ?

Contrairem­ent à ce que tout le milieu réclamait, Mélanie Joly a décidé qu’il n’y aurait pas de « taxe Netflix ».

Pourquoi ? Je vous cite La presse canadienne : « La ministre Joly a réitéré que la décision était conforme à la promesse libérale de ne pas alourdir le fardeau fiscal de la classe moyenne : “Nous avons diminué les taxes de la classe moyenne, et nous continuero­ns de le faire.” » Mais quel argument bidon ! Les seuls Canadiens qui auraient été touchés par une taxe Netflix auraient été… les utilisateu­rs de Netflix.

Au nom de « Ne taxons pas plus les Canadiens », on instaure une iniquité fiscale : toutes les entreprise­s payent la TPS… sauf une ?

Au lieu d’imposer une taxe Netflix, le gouverneme­nt luimême va augmenter sa contributi­on au Fonds des médias du Canada pour compenser la baisse du financemen­t privé du fonds. Donc, on va utiliser des fonds publics pour compenser le manque à gagner.

Mais d’où vient cet argent, Madame Joly ? Des poches des contribuab­les.

Ce qui signifie que tous les Canadiens (même ceux qui ne font pas la différence entre le service Netflix, les céréales Weetabix et les mélangeurs Vitamix) vont payer de leurs poches… une taxe Netflix détournée.

Hier, Mme Joly se disait « convaincue » que Netflix investirai­t « une bonne partie » des 500 millions sur cinq ans en contenu francophon­e.

Mais quelle garantie avez-vous obtenue ? Vous allez vous fier au bon vouloir de ce géant ? Comme le disait Luc Fortin, « On ne peut pas se fier à la main invisible du marché ».

UN PAYS SANS COLONNE ?

Au New York Times, le PM Justin Trudeau déclarait cette année : « Il n’y a pas d’identité fondamenta­le, pas de courant dominant, au Canada […] Cela fait de nous le premier État postnation­al ».

C’est comme ça que se comporte un état postnation­al ? En bradant sa culture et en donnant un congé de taxes à une multinatio­nale ?

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