Le fédéral accusé de faire reculer l’accès à l’info
La commissaire à l’information tire à boulets rouges sur la réforme des libéraux
OTTAWA | La commissaire à l’information accuse le gouvernement Trudeau de lancer de la poudre aux yeux des Canadiens en promettant la transparence, alors que la réforme de l’accès à l’information proposée fera reculer catégoriquement les droits des citoyens.
« C’est comme si on disait aux Canadiens qu’on va nous donner davantage d’information avec la divulgation proactive, mais les effets du projet de loi sont contraires. Ils vont avoir accès à moins d’information », s’insurge Suzanne Legault, commissaire à l’information du Canada.
« On essaye de mettre la poudre aux yeux des citoyens avec ce projet de loi », ajoute-t-elle.
Celle-ci a rendu public hier un rapport lapidaire intitulé Objectif transparence : la cible ratée, qui s’en prend au projet de loi C-58 du gouvernement Trudeau.
Cette réforme proposée au début de l’été devait « relever la barre en matière d’ouverture et de transparence au sein du gouvernement » en mettant à jour pour la première fois en 30 ans la Loi sur l’accès à l’information.
Or, on y trouve plutôt de nouvelles obligations restrictives pour les demandeurs d’information, de nouveaux motifs permettant au gouvernement de refuser de publier des documents et encore moins d’outils autorisant la commissaire à for- cer la diffusion d’informations.
Pire encore : le gouvernement a renié une importante promesse électorale en refusant d’assujettir les cabinets du premier ministre et ses ministres à la Loi. À la place, il propose d’obliger le cabinet de diffuser proactivement certaines informations de son choix.
« [Le projet de loi] semble être le type de réforme qui est proposé par le gouvernement, pour le gouvernement, dans le but de réduire leur fardeau d’accès à l’information [...] c’est vraiment une régression comparativement au système actuel », dénonce la commissaire.
« UNE RÉFORME BIDON »
Du côté de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, la réaction face à C-58 est claire : tout est à recommencer.
« Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment, d’un côté, le gouvernement est prêt à faire un bon pas vers l’avant pour protéger les sources journalistiques avec un autre projet de loi, mais du côté de l’accès à l’information, on nous balance une réforme bidon », dénonce son vice-président Jean-thomas Léveillé,.
Pour sa part, le ministre Scott Brison, qui a présenté C-58 au parlement, ne partage aucunement l’avis de la commissaire.
« Nous sommes le premier gouvernement depuis 30 ans à moderniser la Loi sur l’accès à l’information et nous allons continuer à rendre notre gouvernement plus ouvert et transparent », a-t-il indiqué.