Le Journal de Quebec

Grève dans les CPE. Encore ?

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Lors de la création des CPE, j’étais l’empêcheur de tourner en rond. Siégeant encore à l’assemblée nationale, je n’avais rien contre un effort collectif pour des services de garde plus éducatifs et de meilleure qualité. Mais je craignais les défauts inhérents à la création d’un autre monopole d’état.

Je craignais la hausse rapide des coûts. Ce fut pire : une véritable explosion des coûts. Mais j’appréhenda­is aussi un autre aspect des monopoles d’état : la syndicalis­ation mur à mur et ce qui vient avec. Les grèves, les menaces de grève ainsi que la toute-puissance des convention­s collective­s.

L’historique des CPE en matière de relations de travail est pire que tout ce qu’on aurait pu imaginer.

400 CPE VISÉS

Hier encore, la CSN annonçait en grande pompe avoir obtenu un vote de grève à 94 % parmi 11 000 travailleu­ses insatisfai­tes de l’évolution des négociatio­ns avec le gouverneme­nt. Celles-ci ont donné leur appui à six journées de grève qui affecterai­ent 400 CPE.

Évidemment, on nous dira que le but n’est pas de déclencher une grève. La chanson est connue. L’employeur est de mauvaise foi. Il refuse de négocier. Nous sommes forcés comme syndicats de faire monter la pression.

À noter que, dans le secteur public, celui qu’on appelle l’employeur, c’est le gouverneme­nt qui paye avec notre argent. Et ce qu’on appelle un refus de négocier, c’est le refus d’accorder ce que les syndicats demandent.

INCESSANT

L’historique des CPE en matière de relations de travail est pire que tout ce qu’on aurait pu imaginer. Les grèves et les menaces de grève ont fait partie du décor de façon incessante depuis 20 ans.

Nous avons eu des grèves tournantes à l’automne 2015 dans les CPE. L’automne précédent, en 2014, nous avions droit au même type de débrayage, mais cette fois, dans les services de garde en milieu familial. En 2013, grève au Lac-saint-jean pour une histoire de pause et à Matane pour des journées de congé. Hiver 2012, grève dans 200 CPE affiliés à la CSN.

En 2011, l’automne avait été marqué par des menaces de grève dans la plupart des régions. Finalement, les journées de grève furent annulées in extremis. 2010, 2008, 2006, 2005, 2003, rares sont les années où la paix syndicale règne dans les services de garde.

La capacité de paralyser les services de garde un peu partout sur le territoire du Québec donne un pouvoir énorme aux syndicats. Les leaders syndicaux détestent cette affirmatio­n. C’est néanmoins la vérité : la création de grands réseaux publics syndiqués mur à mur leur fournit un rapport de force inimaginab­le.

Dans le cas d’un service comme les garderies, vous pouvez paralyser le Québec en mettant des parents de toutes les régions dans l’embarras un beau matin. Les gouverneme­nts sentent cette pression, surtout en année électorale. Souvent, ils sont tentés de plier avant d’en arriver là.

La CSN disait hier que le gouverneme­nt a des surplus pour réinvestir dans les services. Pour la CSN, mettre de l’argent dans la convention collective et mettre de l’argent dans les services sont donc synonymes… Pas certain.

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