Au pays du nazisme
Le choc le plus profond ressenti par les Allemands après l’élection de dimanche dernier, qui a reporté Angela Merkel au pouvoir, est l’arrivée de 94 députés de l’extrême droite au Bundestag.
Plus d’un million d’électeurs ont voté pour le parti de l’alternative pour l’allemagne (AFD). Depuis la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la fin du nazisme, jamais un membre du parti d’extrême droite n’avait réussi à se faire élire.
Depuis la fin de la guerre, en 1945, les Allemands tentent non pas d’oublier, mais de panser leurs plaies. La culpabilité jusqu’à ce jour ne les a jamais vraiment quittés. Et cette culpabilité d’avoir été le pays, un des plus développés à l’époque, qui a porté Hitler au pouvoir avec sa politique d’éradiquer les juifs de la planète – six millions furent tués dans les camps d’extermination – marquera à jamais l’histoire de l’humanité. Et l’europe fut dévastée par ses visées délirantes.
NÉONAZIS
Sur un million d’électeurs d’extrême droite, on se demande quelle proportion cautionne encore le nazisme. Depuis des décennies, l’on a été témoins de rassemblements et de violence urbaine par des gens portant la croix gammée, paradant dans les rues en faisant le salut nazi, et tout de noir vêtus, à l’image des hordes qui défilaient dans les années trente après qu’hitler fut élu chancelier.
L’on sait que l’extrême droite actuelle est composée de gens qui s’opposent aux immigrants, en particulier aux musulmans, mais ces gens, ne l’oublions pas, conservent également les réflexes antisémites du passé.
Cette extrême droite, qui a réussi à se faire élire au Bundestag s’inscrit donc dans une politique faite de haine de l’étranger et du sentiment de supériorité de la race aryenne, telle que l’a définie Hitler dans son livre Mein Kampf. En ce sens, AFD assume l’héritage direct du nazisme.
ACCUEIL DE RÉFUGIÉS
Par ailleurs, l’on ne peut comprendre la politique d’ouverture d’angela Merkel, qui a décidé d’accueillir dans son pays un million de vrais et de faux réfugiés en 2015 – dont plus de 400 000 quitteront l’allemagne ou seront expulsés par la suite. Ce geste de la chancelière et les attentats djihadistes qui s’en sont suivis dans le pays, en particulier à Berlin en décembre 2016, expliqueraient en partie cette victoire spectaculaire dans les circonstances de l’extrême droite.
On ne comprend la politique d’angela Merkel qu’en l’inscrivant dans le poids du passé. Son ouverture aux réfugiés s’explique également par les sentiments de repentance et de culpabilité de toutes les générations héritières de l’époque nazie. De plus, Angela Merkel est fille de pasteur marquée profondément par les valeurs chrétiennes. Il y a chez elle le désir de faire le bien et de secourir les exploités de la terre.
La chancelière devra composer avec des partis de l’opposition si elle veut gouverner. Mais sur l’allemagne démocratique, il plane désormais une menace qui donne froid dans le dos. Après le nazisme, tout l’occident a dit « Jamais plus ». Peut-on y croire ?