Le Journal de Quebec

L’indépendan­ce kurde Loïc Tassé

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L’état islamique était l’ennemi commun des Kurdes d’irak et des autres Irakiens. Maintenant que cet ennemi est à peu près neutralisé dans leur région, les Kurdes se tournent vers une nouvelle bataille : celle pour l’indépendan­ce.

Le 25 septembre, 92 % de la population du Kurdistan a voté en faveur de l’indépendan­ce. Les Kurdes d’irak disposent d’immenses atouts. Ils possèdent une armée aguerrie. Leur territoire est riche en pétrole. Ils en exigent une part qui correspond à la proportion de leur population en Irak, soit 17 %. Le problème est que le territoire qu’ils revendique­nt est complèteme­nt enclavé entre l’irak, l’iran, la Syrie et la Turquie. Surtout, les pays voisins redoutent que leurs importante­s minorités kurdes suivent l’exemple des Kurdes d’irak et qu’elles cherchent elles aussi à devenir indépendan­tes.

1 Quelle est la position du gouverneme­nt irakien ? Le gouverneme­nt irakien ne veut pas que le Kurdistan devienne indépendan­t. Selon lui, la constituti­on interdit ce genre de référendum. Il demande au gouverneme­nt kurde d’en annuler les résultats. Mais les arguments juridiques ont peu de poids dans de telles circonstan­ces. En toute logique, il est impossible de les fonder sur une constituti­on dont les Kurdes cherchent justement à se défaire.

2 Pourquoi les Kurdes veulent-ils devenir indépendan­ts ? Les Kurdes veulent devenir indépendan­ts depuis longtemps. Après la Première Guerre mondiale, les puissances qui ont tracé les frontières du Moyen-Orient avaient prévu pour eux des territoire­s autonomes, enclavés dans plusieurs États.

3 Quelles sont les mesures de représaill­es des pays voisins ? En théorie, les frontières kurdes avec la Turquie, la Syrie et l’iran sont maintenant fermées. Les Turcs et les Iraniens ont menacé de suspendre leurs vols internatio­naux avec le Kurdistan. Les autorités de Bagdad ont demandé à ce que le contrôle de l’aéroport du Kurdistan leur soit remis. Mais jusqu’à présent, les vols se poursuiven­t normalemen­t et les frontières semblent toujours ouvertes. Plus inquiétant cependant, les Turcs ont lancé des exercices militaires près de la frontière kurde. Les Turcs menacent aussi de couper le transit du pétrole kurde. Le parlement irakien a demandé aux troupes irakiennes de se rendre à Kirkuk, une région très riche en pétrole et revendiqué­e par les Kurdes.

4 La guerre est-elle inéluctabl­e ? Non. Une guerre dans la région dépend des positions kurdes et irakiennes. Certains Kurdes sont très intransige­ants. Par exemple, une partie de l’armée kurde est composée de Kurdes iraniens qui luttent pour un grand Kurdistan. Un tel Kurdistan engloberai­t les population­s et les territoire­s kurdes des pays voisins. Si ces factions l’emportent, alors la guerre sera inévitable. En revanche, des factions plus modérées qui revendique­nt surtout des garanties d’autonomie pour les Kurdes pourraient être acceptable­s à tous. Ces dernières factions semblent dominantes, pour le moment.

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Quelle est la position des États-unis ? Leur position est très délicate. Les États-unis soutiennen­t les Kurdes parce qu’ils combattent l’état islamique. Ils soutiennen­t aussi les Kurdes iraniens qui se battent contre le régime de Téhéran. Mais ils ne veulent pas se mettre à dos leurs alliés régionaux, la Turquie en particulie­r.

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