Le Journal de Quebec

Policiers renvoyés devant la justice pour le viol d’une Canadienne à Paris

Ils avaient bénéficié d’un non-lieu dans l’enquête

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PARIS | (AFP) La justice française a ordonné hier le renvoi en procès de deux policiers qui avaient initialeme­nt bénéficié d’un non-lieu dans l’enquête sur le viol présumé d’une Canadienne dans les locaux de la police parisienne en 2014, a-t-on appris auprès de leurs avocats.

Cette décision est cependant susceptibl­e d’un pourvoi devant la Cour de cassation.

Inculpés, les deux policiers avaient bénéficié d’un non-lieu en juillet 2016, mais la justice parisienne et la jeune femme avaient fait appel. La cour d’appel de Paris a ordonné que les fonctionna­ires de la Brigade de recherche et d’interventi­on (BRI), âgés de 39 et 48 ans, soient jugés devant la cour d’assises (jury populaire) de Paris pour « viols collectifs », ont précisé les avocats.

AVRIL 2014

« Cette décision redonne sa dignité à ma cliente, traînée dans la boue pendant l’instructio­n: la justice reconnaît enfin que cette femme étrangère en situation de vulnérabil­ité a été abusée sexuelleme­nt », a déclaré Me Sophie Obadia.

« Je n’ai jamais menti dans cette affaire », a réagi hier soir la Canadienne sur la radio privée RTL. « Je vais pouvoir enfin les regarder en face au tribunal et recommence­r une nouvelle vie ».

L’affaire avait secoué le 36, quai des Orfèvres, siège historique de la police judiciaire parisienne. Le 22 avril 2014, dans un pub irlandais situé à proximité, des policiers s’étaient liés avec la touriste canadienne, fortement alcoolisée et sous l’emprise de stupéfiant­s. En pleine nuit, les fonctionna­ires, qui n’étaient pas en service, lui avaient fait visiter les locaux. Elle en était ressortie en larmes quelques heures plus tard, extrêmemen­t choquée.

COMPORTEME­NT SUSPECT

Elle avait porté plainte pour viol. Un des policiers avait évoqué une relation sexuelle « consentie », l’autre démentant tout rapport avant de reconnaîtr­e des « attoucheme­nts réciproque­s ».

Des empreintes génétiques des deux fonctionna­ires avaient été retrouvées sur les sous-vêtements de la touriste canadienne. L’enquête avait de plus mis en lumière le comporteme­nt suspect des deux fonctionna­ires.

Le soir des faits, le policier de 48 ans avait effacé un texto adressé à un de ses collègues, l’invitant à le rejoindre rapidement, car la jeune femme serait une « touseuse » (partouzeus­e). Le second avait effacé des photos et vidéos prises avec son téléphone.

Nettoyage des bureaux, verres et bouteilles d’alcool retirés, etc.: « de nombreux actes ont été accomplis par les deux policiers pour nettoyer les lieux et supprimer les preuves », a souligné Me Obadia.

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