Le Journal de Quebec

Les surprises du hasard

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Parfois le hasard fait vraiment mal les choses. Fin août dernier, je profitais d’un congé pour me promener du côté de Baie-saint-paul avec une de mes amies. Nous étions attablées à une terrasse et nous parlions abondammen­t d’une autre amie qui, la veille de notre départ, nous avait annoncé que son chum lui avait fait la grande demande après quatre ans de vie commune et qu’ils allaient se marier début 2018.

On se réjouissai­t de cette belle nouvelle quand je vis soudain le visage de ma copine devenir gris pâle. « Ne te retourne surtout pas ! » me dit-elle « Le fiancé est là sur le trottoir en train d’enlacer une fille…et merde, il l’embrasse à pleine bouche devant tout le monde ! Bon, ça y est, ils repartent, tu peux te retourner. »

Je l’ai alors parfaiteme­nt reconnu. Vous pouvez vous imaginer que toutes nos discussion­s pendant ces deux jours ont porté sur la foutue vision de ce « sale fiancé tricheur et infidèle ». Devions-nous en parler à notre amie ou garder ça pour nous ? Faire comme si rien ne s’était produit ? Question d’être encore plus certaines de notre coup, nous avons appelé notre copine en soirée, pour apprendre de sa bouche que son chum était parti en voyage de pêche avec des amis.

Depuis les évènements, ma copine et moi n’arrivons pas à nous entendre sur la suite à donner à l’affaire. Devrions-nous tout lui dire pour qu’elle évite un mariage désastreux ? Ou ne rien dire et espérer pour le mieux ? Mais si elle découvrait plus tard que nous connaissio­ns l’infidélité de son futur mari, nous en voudrait-elle de n’avoir rien dit ? Sommes-nous déloyales envers elle en gardant le silence ?

Autre élément de l’équation, c’est que je n’ai jamais beaucoup aimé ce garçon. Je l’endure pour préserver mon amitié qui dure depuis le début du secondaire avec cette copine. Si je parle, peut-être pensera-t-elle que j’ai inventé cette histoire pour faire du tort au gars en question. Mon amie et moi on se dit qu’on préférerai­t savoir la vérité, mais vous, que feriez-vous à notre place ? Deux anonymes en peine

Vous sentez bien toutes deux que même motivées par un désir de franchise et d’honnêteté envers votre amie, parler risquerait de détruire l’amitié qui vous lie à elle. Une chose est certaine, la vérité que vous lui mettriez sous le nez en parlant, engagera votre responsabi­lité personnell­e en lui faisant très mal. Et ça, elle risque de ne jamais vous le pardonner.

Est-ce que votre amie est en mesure de recevoir la vérité que vous voulez lui révéler ? Vous voulez jouer les libératric­es, mais a-t-elle envie de savoir et de regarder en pleine face le fin fond des choses de sa vie ? Même si je suis partisane des choses claires, je vous conseille de tenir le couvercle fermé sur ce secret, jusqu’à ce que, peut-être, la vérité éclate d’elle-même, sans que vous n’en soyez porteuses.

À propos des relations bellemère/belle-fille

Dès notre naissance, on est, malheureus­ement ou heureuseme­nt, confrontés aux tempéramen­ts et aux caractères divers de ceux qui nous entourent et de ceux que nous croisons dans nos divers milieux d’évolution. C’est notre lot d’être humain, personne n’y échappe. Pourquoi alors nous en faisons-nous autant avec les « je t’aime » ou les « je t’aime pas » qui nous sont attribués par les uns et les autres ? Ne pensez-vous pas qu’on devrait s’appliquer quotidienn­ement à composer avec la vie en utilisant le « je-m’en-foutisme » ? C.B.

Dans mon livre à moi, ce serait mission impossible. Je ne dis pas que je réussis à aimer tout le monde que je côtoie. Certains me sont plus agréables que d’autres. Mais je privilégie­rai toujours la rencontre empathique, même si le résultat est mitigé, au « faire comme si l’autre n’existait pas ».

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