Le Journal de Quebec

Des Craintes effacées

Les perception­s changent après avoir vécu la mort d’un proche

- Jean-françois Racine l JFRACINEJD­Q

Présente lors du décès de son grand-père, Marie-ève Nolet n’a plus du tout la m-me perception de l’aide médicale à mourir après avoir vécu ces dernières minutes qu’elle redoutait beaucoup.

« Je ne voulais pas y aller. Je capotais. Je voyais ça un peu barbare. Tu vas assister à la mort de quelqu’un que tu aimes », avoue candidemen­t MarieÈve Nolet, qui a accompagné son grand-père de 85 ans le 18 février 2017.

La jeune femme a vite compris que la décision avait été mûrement réfléchie.

« C’était quelqu’un de très informé. Le cancer était généralisé. Il n’avait plus de vie. Il était dans son fauteuil et il attendait de mourir. Il souffrait et il n’avait plus de qualité de vie. »

UN MÉDECIN PARFAIT

À l’hôpital Saint-françois d’assise, le médecin des soins palliatifs a été parfait, selon le témoignage de la famille.

Malgré cela, Marie-ève n’a jamais songé une seule seconde que son grand-père avait tout préparé dans les moindres détails. Le moment a même été avancé de 48 heures parce que son état se dégradait rapidement et qu’un consenteme­nt éclairé est nécessaire.

« Je l’ai su en sortant de l’ascenseur. Moins de deux heures plus tard, c’était terminé. Il n’aurait pas pu bénéficier de l’aide médicale si on avait trop attendu », ajoute-t-elle.

Par la suite, toutes les paroles et les gestes se sont succédé paisibleme­nt.

« Il a pris le temps de nous parler à tour de rôle. Tout le monde était autour, lui tenait la main. Quand il est parti, il écoutait sa chanson. À la fin de la pièce, c’était son dernier souffle. Il était bien et c’est ce qu’il voulait. C’était en douceur, en quelques minutes. »

AVEC DIGNITÉ

Quelques mois plus tard, Marie-ève réalise que sans cette précieuse aide, l’octogénair­e aurait vécu une lente agonie inutile et pénible pour tous.

« Après coup, je comprends que mourir dans la dignité, c’est vraiment ça. Bien sûr que la loi est trop restrictiv­e. Des gens atteints de sclérose en plaques doivent s’exiler pour obtenir de l’aide. C’est un débat sans fin. »

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PHOTO SIMON CLARK D’abord très craintive et réticente, Marie-ève Nolet n’a plus le même discours après avoir assisté aux dernières minutes de vie de son grand-père.
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