Le Journal de Quebec

Santé Canada sommé d’intervenir d’urgence

Des médicament­s génériques contre la nausée visés

- VALÉRIE BIDÉGARÉ

La vente de deux médicament­s génériques destinés au traitement des nausées et des vomissemen­ts durant la grossesse inquiète l’associatio­n des obstétrici­ens et gynécologu­es du Québec (AOGQ) qui réclame une « interventi­on urgente » de la part de Santé Canada.

Les deux produits s’avèrent des versions génériques du médicament original Diclectin, l’un des remèdes les plus fréquemmen­t prescrits pour le traitement des nausées et des vomissemen­ts de la grossesse, et ont été concoctés par les compagnies pharmaceut­iques Apotex et Pharmascie­nce. Selon le président de L’AOGQ, Fabien Simard, ces deux dérivés contiennen­t du mannitol, une substance dont l’absence de danger n’a pas été démontrée chez la femme enceinte et son bébé à naître.

« Le mannitol est considéré comme un diurétique », confirme le Dr Simard. « On a ici des patientes qui ont des nausées et des vomissemen­ts de la grossesse. Elles en ont assez de vomir et d’avoir de la misère à s’hydrater, elles ne doivent pas perdre de l’eau par les reins en plus », ajoute le pro- fessionnel qui déplore l’absence d’analyses effectuées auprès des femmes enceintes et des femmes en général.

TESTÉ SUR DES HOMMES

« Normalemen­t, quand on donne des médicament­s à des femmes enceintes, il faut que le produit ait été testé sur des femmes et des femmes enceintes alors qu’il a été testé sur des hommes », déplore le Dr Simard. « On ne sait pas quelle est la quantité de mannitol présente […] Peut-être que c’est trop, peut-être que c’est une petite poussière et c’est correct, mais c’est pris pendant toute la grossesse à raison parfois de cinq ou six comprimés par jour », soulève-t-il.

À cet effet, L’AOGQ a fait parvenir une missive à Santé Canada le 19 septembre afin de réclamer une « interventi­on urgente », mais aussi un moratoire sur les deux médicament­s génériques jusqu’à ce qu’ils soient « soumis à un examen de sécurité exhaustif par des spécialist­es canadiens en médecine foeto-maternelle ».

« On voudrait que les deux compagnies produisent, avec leurs médicament­s, des études pour nous dire que c’est sécuritair­e pour la femme enceinte », plaide le président de L’AOGQ. « Là, je ne suis pas capable de vous le dire, parce que ce n’est pas établi dans la documentat­ion. »

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