Le Journal de Quebec

Il doit nettoyer son terrain souillé aux BPC

La Cour ordonne à l’entreprise de décontamin­er son site de Pointe-claire

- HUGO JONCAS

Plus de quatre ans après la fuite de BPC sur un terrain de Pointe-claire, la compagnie coquille qui l’a racheté ne pourra pas y échapper : la Cour confirme que l’entreprise devra nettoyer le terrain et ceux des voisins, une opération de plusieurs millions de dollars.

La compagnie, propriété d’un directeur du géant de l’immobilier Olymbec, tentait de faire annuler une ordonnance de février 2016 du ministre de l’environnem­ent. Le document lui impose de mesurer la contaminat­ion de son site et des terrains voisins, puis de les nettoyer.

Juste Investir est devenue propriétai­re du terrain en 2015, deux ans après que notre Bureau d’enquête eut révélé la fuite d’environ 1000 litres d’huile contaminée sur un site d’entreposag­e illégal de BPC. L’entreprise l’a racheté des Équipement­s de puissance Reliance Ltée, après sa vente forcée par la Ville de PointeClai­re, pour taxes impayées.

Dans sa requête pour faire annuler l’ordonnance de décontamin­ation, Juste Investir prétendait notamment qu’elle ignorait que le site était toujours contaminé, la municipali­té ayant omis de l’en informer.

ARGUMENTS REJETÉS

Mais le Tribunal administra­tif du Québec (TAQ) a rejeté les arguments de l’entreprise et de son président, Justin Klumak. Dans leur analyse, les juges soulignent sa grande expé- rience comme courtier immobilier et directeur des acquisitio­ns d’olymbec.

La Cour cite les critères d’acquisitio­n de cette compagnie : « Nous recherchon­s activement des “diamants bruts” qui présentent des défis pouvant diminuer leur attrait pour certains », mentionne le site internet d’olymbec. L’entreprise dit aussi « conclure des transactio­ns en très peu de temps ». « Pour plus d’informatio­n, veuillez communique­r avec Justin Klumak », dit même le texte.

Bref, le courtier « a spéculé en effectuant un investisse­ment présentant des défis et en se fondant sur des renseignem­ents incomplets », selon le TAQ. « Il a pris un risque qu’il doit assumer. »

PLAN TRANSMIS

L’avocat qui représenta­it Juste Investir, Patrice Bussière, travaille pour Les Services juridiques Aquilam, dont l’adresse de correspond­ance se trouve au siège social d’olymbec, boulevard Décarie, à Montréal. Plusieurs des documents qu’il a déposés en cour portent d’ailleurs le logo de ce géant de l’immobilier industriel, financé par la Caisse de dépôt et placement du Québec à hauteur de 176 M$.

Joint par notre Bureau d’enquête, Klumak a simplement déclaré qu’il n’avait « pas de commentair­es ». Son avocat n’a pas rappelé.

Après la décision du TAQ, le propriétai­re a commencé à se conformer à l’ordonnance de février 2016. « Juste Investir inc. a déposé, le 8 septembre 2017, une demande d’approbatio­n d’un plan de réhabilita­tion. […] Le ministère analyse présenteme­nt les documents soumis », explique un porte-parole, du ministère Frédéric Fournier.

 ?? LE JOURNAL DE MONTRÉAL PHOTO MARTIN CHEVALIER, ?? Les équipement­s et conteneurs remplis d’huile contaminée aux BPC ont été enlevés en 2013 du terrain au 86, boulevard Hymus, à Pointe-claire. Depuis, le terrain n’a toujours pas été décontamin­é. Le tribunal force le propriétai­re, Juste Investir, à...
LE JOURNAL DE MONTRÉAL PHOTO MARTIN CHEVALIER, Les équipement­s et conteneurs remplis d’huile contaminée aux BPC ont été enlevés en 2013 du terrain au 86, boulevard Hymus, à Pointe-claire. Depuis, le terrain n’a toujours pas été décontamin­é. Le tribunal force le propriétai­re, Juste Investir, à...

Newspapers in French

Newspapers from Canada