Une « médiation » sera nécessaire, selon Puigdemont
GÉRONE, Espagne | (AFP) Le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a lancé hier un appel à une « médiation » dans le « grave » conflit qui oppose son gouvernement à l’état central, à la veille du référendum d’autodétermination interdit qu’il a organisé dans sa région, dans un entretien avec L’AFP.
« Nous devons exprimer une volonté claire de disposer d’une médiation, quel que soit le scénario, que le oui l’emporte ou le non », a-t-il déclaré à L’AFP, en insistant à de nombreuses reprises sur l’urgence d’un dialogue avec Madrid.
« MOMENT GRAVE »
« Il faut parler. Il faut commencer une négociation sans condition. C’est un souhait de toute la société catalane, qui veut voter et le faire dans le cadre d’un dialogue et avec un accord », a déclaré Puigdemont, 54 ans, un indépendantiste convaincu au pouvoir dans la région depuis début 2016.
À quelques heures du scrutin qui pose un défi sans précédent au pouvoir central depuis presque 40 ans, le président catalan explique qu’il ne veut pas se « laisser dominer par les émotions, même si nous en avons tous [...] je sens que j’ai une grande responsabilité à assumer. C’est un moment grave. »
Carles Puigdemont se dit toujours disposé à renoncer à ce scrutin interdit par la Cour constitutionnelle, si le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy accepte d’ouvrir des discussions qui permettent la tenue à terme du référendum légal que les séparatistes demandent depuis 2012.
« Si l’état espagnol dit “mettons-nous d’accord sur un référendum”... nous arrêtons ceci. Oui évidemment, c’est la voie que tous les Catalans souhaitent », a déclaré Carles Puidgemont.
Aujourd’hui, « ce qui n’arrivera pas, c’est que nous rentrerons chez nous et renoncerons à nos droits... Le gouvernement a tout prévu pour que tout se déroule de manière normale », a aussi déclaré M. Puigdemont en demandant aux Catalans d’éviter toute violence.
« LIENS DE FAMILLE »
« Nous devons terminer ce processus comme nous l’avons commencé, pacifiquement », ajoute-t-il en soulignant que les habitants de sa région avaient dans leur « ADN » le pacifisme.
Et après le référendum, s’il peut avoir lieu, et si le oui l’emportait ? Il y aurait une déclaration unilatérale d’indépendance ?, a demandé L’AFP.
« Oui, bien sûr », répond-il. Mais, « nous savons tous qu’il y a une période de transition, qu’il n’y a pas un bouton automatique de déclenchement des indépendances, c’est évident. Par conséquent, nous n’avons pas envisagé, dans la loi, une déclaration d’indépendance comme un mécanisme ayant des effets immédiats et que le lendemain tout soit résolu, c’est non seulement ingénu mais pas présentable. »