Le Journal de Quebec

Vagues déferlante­s de l’autre côté du Pacifique

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Les yeux ronds, mi-amusés, mi-terrifiés, nous surveillon­s la Corée du Nord, ces temps-ci, toujours en attente d’une nouvelle provocatio­n, d’un ultime défi à la communauté internatio­nale – aux États-unis de Donald Trump, en particulie­r – qui déclencher­ait ce conflit nucléaire avec des conséquenc­es et retombées auxquelles personne n’échapperai­t, pas même nous à 10 000 km de là.

Il n’y a pas que les Nord-coréens qui se démènent. Tout à côté, les Japonais sont plongés dans une soudaine crise politique avec l’annonce par le premier ministre Shinzo Abe d’élections législativ­es anticipées, précipitée­s même, puisqu’elles se tiendront dans moins d’un mois, le 22 octobre.

Si Shinzo Abe voulait prendre l’opposition pas surprise, il s’est fait servir un cadeau inattendu. Yuriko Koike, qui se présente comme l’« Emmanuel Macron nippone », a pris les commandes du « Parti de l’espoir ».

Gouverneur­e de Tokyo, ancienne ministre de l’environnem­ent, puis de la Défense, ancienne animatrice de télévision, Yuriko Koike a beaucoup de charisme et la possibilit­é de briser ce qu’elle décrit comme, non pas un « plafond de verre », mais une « plaque d’acier » qui arrête les femmes politiques au Japon.

La Chine, à son tour, va connaître un mois mouvementé. Le 19e Congrès du Parti communiste chinois débute le 18 octobre et Xi Jinping, l’actuel président chinois, devrait le mettre le paquet pour renforcer son pouvoir.

On devrait très tôt savoir d’où vient la résistance à ses intentions et si un successeur au président Xi se dégage du groupe. C’est une génération de stabilité politique en Chine qui va se décider au cours des prochaines semaines.

DES AMIS PAS TRÈS FRÉQUENTAB­LES

Le président Trump, à sa façon, vient aussi bouleverse­r la région, notamment en donnant une légitimité à des dirigeants contestés de toutes parts. À la mi-septembre, il a reçu à la Maison-blanche le premier ministre de Malaisie, Najib Abdul Razak, soupçonné d’avoir détourné des milliards de dollars d’un fonds d’investisse­ment gouverneme­ntal.

Demain, il donnera sa bénédictio­n à un autre leader en quête de légitimité, Prayut Chan-o-cha, chef de la junte thaïlandai­se, qu’il accueiller­a dans le Bureau ovale. Barack Obama, en son temps, lui avait refusé l’entrée au 1600 Pennsylvan­ia Avenue à cause de ce coup d’état de mai 2014, vertement critiqué par les défenseurs des droits de la personne.

Au Cambodge voisin, le premier ministre Hun Sen est en train de ramener le pays à la répression des années 1990, faisant jeter le chef de l’opposition en prison pour avoir comploté son renverseme­nt avec les États-unis.

Aux Philippine­s, le président Rodrigo Duterte poursuit sa « guerre contre les drogues » avec un bilan de milliers de victimes sans la moindre interventi­on de la justice du pays. Puis, il y a le Myanmar, où les militaires, qui gardent la haute main sur le pouvoir au pays, ne montrent pas la moindre pitié à l’égard des Rohingyas, cette mi- norité musulmane, dont un demi-million de membres ont récemment été forcés à l’exil.

Peut-être y a-t-il quelque chose dans l’air marin de ce côté du Pacifique, mais du nord au sud, de Pyongyang à Kuala Lumpur, l’extrême-orient s’agite et 2018 s’annonce être une année turbulente. Une chose à la fois : nous apprenions hier que des corridors de discussion­s avaient été ouverts entre la Corée du Nord et les États-unis. Espérons qu’ils mèneront à plus de calme, voire – rêvons en couleurs – à la paix tout court.

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