Le Journal de Quebec

Les coups de coeur de Biz

- KARINE VILDER

Dès qu’il est question de livres (les siens et ceux des autres !), Biz peut être particuliè­rement loquace. La preuve.

La chaleur des mammifères, votre 5e roman, vient tout juste de sortir en librairie. À l’instar de son héros René Mckay, qui est prof de littératur­e à l’université, vous avez toujours beaucoup lu ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les livres. Ma mère me racontait des histoires et vers l’âge de 5 ans, je l’ai interrompu­e pour signaler qu’elle n’avait pas lu tel mot ! Alors elle a pris le livre, l’a mis sur mes genoux et m’a dit : « Maintenant, tu es capable de le lire. » C’est le geste qui m’a procuré le plus de liberté, car il m’a permis d’accéder à l’humanité.

Tout comme René, vous aimez particuliè­rement Nietzsche et Houellebec­q ?

Je ne connais pas beaucoup Nietzsche. J’ai lu des analyses de sa pensée, mais je ne l’ai pas lu dans le texte, parce que je le trouvais trop ardu. Houellebec­q, par contre, est mon écrivain préféré, celui qui a probableme­nt eu le plus d’influence sur moi. À mes yeux, c’est l’écrivain français le plus important de sa génération.

Quand vous étiez vous-même étudiant, y a-t-il eu des livres qui vous ont particuliè­rement marqué ?

Quand j’étais assez jeune, il y a eu tous les Bob Morane et un livre québécois,

Le cercle violet de Daniel Sernine. L’intrigue se déroule dans un univers médiéval fantastiqu­e et à l’époque, j’avais embarqué à fond dans l’histoire. Plus tard, il y a aussi eu Les Fleurs du

mal de Baudelaire, parce que tout ce que les ados aiment est dans ce livre (l’amour, l’ivresse, la drogue, le vin…), et

Cyrano de Bergerac d’edmond Rostand, parce que c’est quelqu’un qui est mal dans sa peau (il pense toujours à son nez !) et qui a soif d’absolu. Pour moi, c’était le héros d’adolescent parfait.

À l’époque, songiez-vous déjà à devenir un jour écrivain ?

Ma mère tenait une espèce de cahier dans lequel elle notait chaque année tout ce qui s’était passé, où on avait voyagé ou ce qu’on voulait faire dans la vie. Vers 10 ans, en plus de vouloir devenir policier ou pompier, j’ai dit que je souhaitais aussi être écrivain. Quand on lit beaucoup, on finit tôt ou tard par vouloir écrire ce qu’on aimerait lire…

Depuis que vous êtes passé des paroles de chansons aux livres, est-ce qu’il y a des romanciers que vous admirez plus que jamais ?

Je vais encore revenir à Houellebec­q, à cause de son style qui me captive. Je trouve qu’il a la capacité de mettre en roman ce que les sociologue­s font avec les essais, mais de façon beaucoup plus attrayante au niveau de la forme. En plus de raconter une histoire, Houellebec­q nous fait comprendre l’époque dans laquelle on vit et les romans à thèse qu’il écrit ont le tour de bousculer les gens

Au cours des derniers mois, avezvous fait quelques belles découverte­s ?

Il était une ville de Thomas B. Reverdy, un excellent roman dont l’intrigue se passe à Detroit. Comme je reviens justement de Detroit, j’ai pu voir l’admirable résilience de ses habitants, qui continuent entre autres à tondre leur gazon alors que presque toutes les maisons de leur rue ont du plywood dans les fenêtres. Autre très belle découverte, Le fleuve

de la vie de Richard Dawkins, un tenant de la théorie de l’évolution. Je l’ai lu pendant que j’écrivais La chaleur

des mammifères et il m’a permis d’y ajouter un troisième niveau de lecture en développan­t toutes les explicatio­ns en rapport avec les comporteme­nts animaux. Grâce à cet autre étage de compréhens­ion, La chaleur des mam

mifères est mon meilleur livre.

Et de tous les livres que vous avez lus au cours de votre vie, quels sont ceux qui font indiscutab­lement partie de votre top 5 ?

Plateforme de Michel Houellebec­q, qui m’a fait rire à gorge déployée.

Le rêve de Champlain de David Hackett Fischer, une bio que tous les Québécois devraient avoir dans leur bibliothèq­ue.

Flore laurentien­ne de Marie-victorin, qui est ce que j’ai lu de plus beau sur le Québec. L’homme rapaillé de Gaston Miron, l’un des grands incontourn­ables de la littératur­e d’ici. Ça de Stephen King, puisque c’est dans l’air du temps. Depuis que je suis jeune, j’ai dû le lire cinq fois.

Enfin, quel roman de la rentrée littéraire avez-vous le plus hâte de lire ?

Les Cigales d’antonin Marquis, car il parle aussi du printemps érable. Je suis curieux de voir ce qu’il en a pensé.

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