« Arrêtons de diaboliser le 1 % »
– Alexandre Moreau, de l’institut économique de Montréal
Pourquoi a-t-on moins de riches au Québec? C’est difficile à dire. Souvent, nous avons du mal à attirer les emplois les plus payants, comme ceux du secteur financier. Il faut avoir une fiscalité intéressante pour y arriver. Pensez à Amazon qui se cherche un siège social… avec plus de 50 000 emplois potentiels. Arrêtons de diaboliser le 1 %. La France a fait fuir les plus riches avec ses taux d’imposition super élevés. N’oublions pas que les plus riches créent de la richesse. L’inégalité de revenu qui m’inquiète est davantage celle des groupes d’intérêt trop proches du pouvoir en place qui accaparent la richesse de l’état.
Quel rôle joue le modèle québécois dans la répartition de la richesse ? L’état est très présent dans l’économie, ici. Les subventions aux entreprises et les crédits d’impôt sont légion. Est-ce la bonne recette pour créer de la richesse ? Je ne le pense pas. Pour chaque dollar payé en impôt, 80 cents viennent de subventions. Prenez les CPE et les droits de scolarité qui nous distinguent des autres provinces, ça ne change rien. Les gens gagnent moins d’argent. Ça ne reflète en rien une société en bonne santé. Oui, les inégalités sont plus basses au Québec qu’ailleurs, mais ce qui me préoccupe davantage, c’est l’indicateur de pauvreté.
Que proposez-vous pour qu’il y ait plus d’égalité ? L’égalité ne veut pas dire que tous ont le même revenu, mais bien « égalité des chances ». Malgré le fameux modèle québécois, on constate un taux de pauvreté et une persistance des gens qui ont un faible revenu. Dans plusieurs catégories de la population, le taux de pauvreté est ici légèrement supérieur à la moyenne canadienne. C’est plutôt ça qui m’inquiète.