La douleur a un visage
Les veuves de la tuerie de la grande mosquée se sont présentées en cour pour l’audience de Bissonnette
Pour la première fois depuis l’arrestation du présumé tireur de la grande mosquée de Québec, cinq des six veuves touchées par le drame ainsi que Saïd Akjour, l’une des victimes directes, prenaient place dans la salle du palais de justice où Alexandre Bissonnette a été amené.
Portant le hijab, les femmes avaient le visage voilé par les larmes lorsque le jeune homme de 27 ans s’est présenté dans le box des accusés. De son côté, M. Akjour, qui a été atteint par balle à l’épaule, est demeuré stoïque devant celui qui a blessé au plus profond d’elle-même l’ensemble d’une communauté.
Sans perdre de temps, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Thomas Jacques, a annoncé au tribunal que la preuve du ministère public était désormais complétée et il a déposé, auprès du juge Jean-louis Lemay, un acte d’accusation directe.
Ce faisant, Bissonnette ira directement à procès, sans passer par l’étape de l’enquête préliminaire.
Un 12e chef d’accusation a également été déposé, soit un chef de tentative de meurtre avec une arme à autorisation restreinte à l’égard des 35 personnes qui se trouvaient, le soir du 29 janvier, dans le lieu de culte situé sur le chemin Sainte-foy.
« Ces victimes ont été en présence de l’accusé au moment où les gestes reprochés se sont produits. L’ensemble de la preuve recueillie par les différents corps policiers a été rigoureusement analysé et les accusations portées sont le fruit de la preuve disponible et de l’état actuel du droit au Canada », a expliqué Me Jacques en ajoutant que les accusations étaient maintenant complètes, écartant du même coup une possible accusation de terrorisme.
Le dossier de Bissonnette a donc été reporté au prochain terme des assises, soit le 11 décembre, et, à cette date, le Directeur des poursuites criminelles et pénales sera en mesure de fixer une date de procès.
PANSER LES PLAIES
Pendant que les veuves de la tuerie quittaient le palais de justice en pleurs et en silence, le vice-président du centre culturel islamique s’est adressé aux médias, rappelant la souffrance de ces femmes qui ont perdu un mari.
« Il faut laisser les femmes et les enfants panser leurs plaies… Ce sont des gens qui sont psychologiquement renversés et la blessure, même si neuf mois se sont écoulés, c’est comme si c’était hier… », a laissé tomber Boufeldja Benabdallah.
Concernant les enfants des hommes décédés le soir de la tuerie, M. Benabdallah a dit espérer que, malgré la douleur et la perte, ceux-ci deviennent un jour des « ambassadeurs de la paix » parce qu’un jour ils ont connu l’horreur.