Massacre à la mitrailleuse
Le massacre de Las Vegas nous révolte par son ampleur, pourtant il ne nous surprend pas. C’est qu’il y a une histoire de la violence spécifiquement américaine.
Régulièrement, un homme s’arme, se rend sur un lieu public et décide de canarder ses concitoyens. Son objectif : en tuer le plus possible, comme si, pendant un instant, il voulait se sentir le maître du monde, en ayant le droit de vie ou de mort sur ceux qui sont à portée de tir.
AMÉRIQUE
Et comme souvent dans de tels cas, le tueur se suicide avant de se faire prendre. Ainsi, il se dérobe au jugement de ceux qui l’entourent. Il se veut le maître du monde et confirme cela en le quittant de son propre chef. Le suicide devient l’ultime symbole de sa toute-puissance.
Comment ne pas reconnaître dans de tels massacres le surgissement du mal le plus absolu qui, partout, veut tout détruire ? Dans le coeur de l’homme se loge la bête.
L’amérique est socialement et culturellement malade. Elle est traversée par des névroses effrayantes. Une profonde pulsion de mort ronge sa culture. Elle s’exprime dans la passion malsaine pour les armes à feu, qu’il est possible de se procurer trop facilement.
Comment peut-on, dans une société qui est probablement la plus avancée et la plus puissante de l’histoire humaine, se procurer aussi aisément un arsenal de guerre ?
BARBARIE
L’homme ordinaire dit vouloir avoir les moyens de se défendre et de défendre sa famille. Probablement. Mais il y a peut-être là un désir plus puissant. Il veut avoir les moyens de causer la mort violemment, comme s’il s’agissait de l’ultime manifestation de sa liberté.
Il ne sert à rien, de notre côté de la frontière, de faire la leçon aux Américains. Mais on se contentera de constater que ce très grand peuple a paradoxalement réinventé la barbarie.