Le Journal de Quebec

Massacre à la mitrailleu­se

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Le massacre de Las Vegas nous révolte par son ampleur, pourtant il ne nous surprend pas. C’est qu’il y a une histoire de la violence spécifique­ment américaine.

Régulièrem­ent, un homme s’arme, se rend sur un lieu public et décide de canarder ses concitoyen­s. Son objectif : en tuer le plus possible, comme si, pendant un instant, il voulait se sentir le maître du monde, en ayant le droit de vie ou de mort sur ceux qui sont à portée de tir.

AMÉRIQUE

Et comme souvent dans de tels cas, le tueur se suicide avant de se faire prendre. Ainsi, il se dérobe au jugement de ceux qui l’entourent. Il se veut le maître du monde et confirme cela en le quittant de son propre chef. Le suicide devient l’ultime symbole de sa toute-puissance.

Comment ne pas reconnaîtr­e dans de tels massacres le surgisseme­nt du mal le plus absolu qui, partout, veut tout détruire ? Dans le coeur de l’homme se loge la bête.

L’amérique est socialemen­t et culturelle­ment malade. Elle est traversée par des névroses effrayante­s. Une profonde pulsion de mort ronge sa culture. Elle s’exprime dans la passion malsaine pour les armes à feu, qu’il est possible de se procurer trop facilement.

Comment peut-on, dans une société qui est probableme­nt la plus avancée et la plus puissante de l’histoire humaine, se procurer aussi aisément un arsenal de guerre ?

BARBARIE

L’homme ordinaire dit vouloir avoir les moyens de se défendre et de défendre sa famille. Probableme­nt. Mais il y a peut-être là un désir plus puissant. Il veut avoir les moyens de causer la mort violemment, comme s’il s’agissait de l’ultime manifestat­ion de sa liberté.

Il ne sert à rien, de notre côté de la frontière, de faire la leçon aux Américains. Mais on se contentera de constater que ce très grand peuple a paradoxale­ment réinventé la barbarie.

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