Le Journal de Quebec

Un employé du RTC risque une radiation

L’ordre des ingénieurs du Québec demande une suspension de douze mois

- MARTIN LAVOIE

L’ordre des ingénieurs du Québec requiert une radiation de 12 mois à l’actuel coordonnat­eur aux infrastruc­tures du Réseau de transport de la Capitale (RTC) pour avoir transmis une soumission à une entreprise rivale dans le cadre de son précédent emploi.

Robin Pelletier complétera en février un contrat de 24 mois avec le RTC. Le poste qu’il occupe n’en est toutefois pas un d’ingénieur et ne demande pas qu’il soit membre de l’ordre.

Trois chefs d’accusation pour non-respect du secret, défaut de ne pas se prêter à des procédés malhonnête­s et commettre un acte impliquant de l’abus de confiance, ont été déposés par l’ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) lors de l’audience qui a débuté hier à Québec. Douze mois de radiation sont demandés pour le premier chef, et neuf mois, concurrent­s toutefois, pour chacun des deux suivants.

L’homme de Lévis a d’emblée signifié son intention de plaider coupable.

L’AFFAIRE

Les évènements remontent à novembre 2015 alors que Robin Pelletier travaillai­t pour Excavation­s Lafontaine. L’enjeu était l’obtention d’un contrat pour la réalisatio­n de travaux d’excavation, de dynamitage et d’ancrage dans la constructi­on du barrage et de la centrale électrique d’hy- dro-canyon sur la rivière Sainte-anne, à Saint-joachim, sur la Côte-de-beaupré.

Quatre entreprise­s sont invitées à soumission­ner, dont Excavation­s Lafontaine et Manu. Cette dernière est une propriété d’inter-cité Constructi­on, pour qui Robin Pelletier, a déjà travaillé. Inter-cité se trouvait à la fois compétiteu­r d’excavation­s Lafontaine et sous-traitant dans l’une des soumission­s. Les entreprene­urs avaient jusqu’au 13 novembre pour déposer leurs offres.

Excavation­s Lafontaine ayant certains doutes sur son ingénieur, le dirigeant de l’entreprise a demandé à son service informatiq­ue de lui faire suivre les courriels entrants et sortants de M. Pelletier. S’apercevant que l’ingénieur effaçait rapidement certains courriels, les soupçons de l’entreprene­ur se sont éveillés.

Les messages de Robin Pelletier retracés font état de contacts avec Yves et Alexandre Coudé d’inter-cité Constructi­on. Le 9 novembre, il envoie finalement à cette entreprise des documents confidenti­els ; la soumission d’un sous-traitant et un document Excel contenant l’ensemble des prix ventilés des sous-traitants d’excavation­s Lafontaine.

Robin Pelletier, qui avait 34 ans à l’époque, a été congédié le 13 novembre.

REPENTANT

Interrogé, M. Pelletier a expliqué qu’il traversait une période difficile après « trois projets compliqués et plusieurs démissions chez son employeur qui l’ont poussé à ne pas laisser tomber Mathieu Lafontaine avec qui il a fait son BAC ».

Il a dit « regretter amèrement son geste depuis le jour un » et « avoir subi de l’influence et de la pression de gens de l’externe » tout en n’ayant « retiré aucun bénéfice de son geste ».

Janie Breton, qui est médecin à l’hôtel-dieu de Lévis, est venue témoigner de l’état de détresse de son conjoint « fatigué, insomniaqu­e et au bout du rouleau. Qui aurait dû démissionn­er avant ». Elle a argué notamment qu’il était illogique d’utiliser le téléphone et les courriels de l’employeur, qualifiant le tout de « suicide profession­nel ».

Le RTC n’a pas voulu commenter « considéran­t que la cause est en cours ».

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Robin Pelletier est coordonnat­eur aux infrastruc­tures du Réseau de transport de la Capitale. Au moment des faits, en 2015, il travaillai­t pour Excavation­s Lafontaine.
PHOTO COURTOISIE Robin Pelletier est coordonnat­eur aux infrastruc­tures du Réseau de transport de la Capitale. Au moment des faits, en 2015, il travaillai­t pour Excavation­s Lafontaine.

Newspapers in French

Newspapers from Canada