Le Journal de Quebec

Être social, c’est bon POUR LE COEUR!

-

Une importante étude récente montre que les femmes qui sont le plus intégrées socialemen­t ont un risque moitié élevé d’être touchées par une maladie coronarien­ne.

Quand on parle de prévention des maladies chroniques, on pense généraleme­nt à l’importance de cesser de fumer, d’adopter une alimentati­on riche en végétaux, de faire régulièrem­ent de l’exercice et de maintenir un poids corporel normal.

Ces habitudes de vie sont bien entendu cruciales, mais il ne faudrait pas non plus négliger l’énorme influence de certains facteurs psychologi­ques : plusieurs études ont en effet montré que le stress, l’anxiété, la dépression et l’absence de relations sociales adéquates exercent une influence négative sur la santé et réduisent significat­ivement l’espérance de vie.

Parmi ces facteurs, l’isolement social est de plus en plus considéré comme un important facteur de risque de mortalité prématurée.

Par exemple, une méta-analyse de 148 études (308 849 personnes) rapportait que des relations sociales insatisfai­santes sont associées à une augmentati­on de 50 % du risque de mortalité, comparativ­ement aux personnes dont les relations sociales sont bien développée­s1.

Même s’il est moins connu, l’impact de l’isolement social est donc loin d’être négligeabl­e et peut même être comparé à celui de facteurs de risque bien établis comme l’obésité, la sédentarit­é et même le tabagisme.

IMPACT SUR LE COEUR

Il semble que cette diminution de l’espérance de vie observée chez les personnes isolées socialemen­t soit en grande partie due à une hausse du risque de maladies cardiovasc­ulaires : plusieurs études montrent en effet qu’un faible soutien social est associé à une hausse d’environ deux fois du risque d’événements cardiovasc­ulaires comme l’infarctus du myocarde ou les accidents vasculaire­s cérébraux. Les mécanismes en cause demeurent mal compris, mais on pense que cette influence du réseau social serait principale­ment due à deux facteurs :

1) Les relations sociales agissent comme des « tampons de stress » ( stress buffers) qui diminuent les impacts négatifs de diverses épreuves de la vie (maladie, deuil et divorce, par exemple).

Le stress est un important facteur de risque de maladie cardiovasc­ulaire et le soutien procuré par un réseau social adéquat peut donc permettre de mieux absorber le choc associé à ces épreuves et réduire les conséquenc­es physiologi­ques néfastes qui découlent du stress chronique.

2) Les études montrent aussi que les individus qui ont un réseau social développé tendent à être plus actifs physiqueme­nt et à adopter de meilleures habitudes de vie, ce qui contribue à diminuer le risque de maladies cardiovasc­ulaires et à améliorer l’espérance de vie.

INFARCTUS EN BAISSE

Une étude récemment parue dans Circulatio­n Research permet de mieux comprendre la contributi­on relative de ces deux types de facteurs à la diminution du risque de maladie cardiovasc­ulaire associée au réseau social.

En examinant les niveaux d’intégratio­n sociale de 76 362 participan­tes de la Nurses’ Health Study, une équipe de chercheurs américains a observé que les femmes qui avaient les réseaux sociaux les plus développés (conjoint, nombre d’amis important, participat­ion régulière à des activités sociales ou religieuse­s) avaient environ 50 % moins de risque d’être touchées par un événement coronarien (infarctus du myocarde, mort cardiaque subite) que celles qui étaient les moins bien intégrées socialemen­t2.

Une analyse plus poussée a révélé que l’adoption de meilleures habitudes de vie par les femmes les plus actives socialemen­t jouait un rôle important dans cette diminution du risque d’événements cardiovasc­ulaires, avec notamment une baisse importante du tabagisme et une augmentati­on des niveaux d’activité physique. Par contre, ces habitudes de vie n’expliquent pas entièremen­t la protection offerte par le réseau social, car les chercheurs ont observé que les femmes isolées socialemen­t présentaie­nt des niveaux plus élevés de marqueurs inflammato­ires et étaient plus à risque d’événements coronarien­s mortels.

Il est possible que l’isolement soit perçu par le corps comme une forme « d’agression » et provoque l’activation des mécanismes physiologi­ques impliqués dans la réponse au stress, ce qui crée un environnem­ent proin-flammatoir­e et un risque accru de maladies cardiovasc­ulaires.

L’influence du réseau social est donc complexe, faisant intervenir à la fois des facteurs physiques (mode de vie) et psychologi­ques. Mais quels que soient les mécanismes en cause, il est certain qu’un réseau social dynamique et diversifié représente un atout majeur pour vivre longtemps en bonne santé.

D’ailleurs, dans toutes les régions du monde reconnues pour la longévité de leurs habitants (Okinawa, par exemple), le tissu social représente un ingrédient indispensa­ble à une longue vie, au même titre qu’une saine alimentati­on et une activité physique régulière.

Holt-lunstad J et coll. Social relationsh­ips and mortality risk: a meta-analytic review. PLOS Med, 2010; 7 : e1000316.

Chang SC et coll. Social integratio­n and reduced risk of coronary heart disease in women: the role of lifestyle behaviors. Circ Res, 2017; 120: 1927-37.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada