Le Journal de Quebec

Voir aussi la chronique de Pierre Martin

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Ceux qui croient que la tuerie de Las Vegas pourrait déclencher un resserreme­nt des lois sur le contrôle des armes à feu aux États-unis risquent fort d’être amèrement déçus.

L’occasion serait bonne pour Donald Trump de démontrer son pragmatism­e et de pratiquer le bipartisme dont il se vantait d’être capable en campagne électorale.

Quelques jours après l’horrible attentat de Las Vegas, toutefois, la Maison-blanche n’a émis aucun signe qu’elle entend faire quoi que ce soit pour rendre de telles calamités juste un peu moins faciles à commettre.

DES CONTRÔLES POSSIBLES

Depuis la tragédie, le président a souligné que le tireur représenta­it le mal à l’état pur, sous-entendant qu’on n’arrivera jamais à éradiquer ce genre de sentiment de l’esprit des hommes.

Soit, mais ce qui a transformé une fusillade tragique en carnage inimaginab­le est la disponibil­ité d’armes automatiqu­es en vente libre et la possibilit­é pour un individu de se constituer un arsenal qui lui a permis de faire pleuvoir des centaines, voire des milliers de balles sur la foule.

Il serait tout à fait possible d’interdire la vente d’armes de ce type ou de réglemente­r la quantité d’armes et de munitions qu’un individu peut accumuler, mais ça n’arrivera pas.

SCÉNARIO FAMILIER

Après chaque fusillade à grande échelle, ceux qui réclament un débat public sur les mesures à prendre se font dire que ce n’est pas le moment d’en parler.

Même si le président Trump a mieux su communique­r son empathie aux victimes de Las Vegas qu’à celle de l’ouragan Maria à Porto Rico, il n’a pas soufflé mot de ce que son administra­tion pourrait faire en réponse à cette tragédie.

Au lendemain de telles horreurs, il faut prier pour les victimes, louer les héros et multiplier les banalités d’usage, mais il ne faut surtout pas discuter de ce qui pourrait être fait pour prévenir ce genre de massacre.

UN LOBBY QUI SE FAIT ENTENDRE

S’il est une organisati­on qui se fait plutôt discrète cette semaine, c’est bien la National Rifle Associatio­n (NRA), qui fait trembler les politicien­s partout où on fétichise les armes à feu, en raison de ses ressources financière­s et de l’influence qu’elle exerce sur des millions d’électeurs.

Donald Trump avait bénéficié de l’appui de la NRA en 2016. Il lui a déjà bien retourné l’ascenseur en effaçant les décrets de Barack Obama dans ce domaine et en promettant de nouvelles libéralisa­tions.

La semaine dernière, les lobbyistes de la NRA poussaient fort au Congrès pour faciliter la vente de silencieux. Ils se feront discrets pour quelque temps, mais ils reviendron­t bientôt en force. Il ne faudrait surtout pas que les prochaines fusillades dérangent la quiétude du voisinage.

Quoi qu’il advienne de cette initiative, il est certain que la NRA s’efforcera de bloquer toute tentative de limiter l’accès aux armes automatiqu­es qui ont rendu l’hécatombe de Las Vegas possible.

Elle a un allié fidèle à la Maison-blanche.

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