Le Journal de Quebec

Le cinéma d’animation a besoin d’aide à Québec

Sans financemen­t stable, des artisans quittent pour Montréal, déplore Nancy Florence Savard

- CÉDRIC BÉLANGER

Incapable de retenir à Québec les artisans de ses premiers films, faute de financemen­t pour amorcer le tournage de son prochain long métrage, la productric­e Nancy Florence Savard demande que le gouverneme­nt du Québec accorde le même soutien au cinéma d’animation d’ici qu’aux studios étrangers venus s’établir à Montréal.

Mme Savard se gratte la tête. Quand elle obtiendra enfin le financemen­t pour tourner Le trésor de Morgäa, son quatrième long métrage d’animation, elle ignore combien d’artisans de ses trois premiers films seront au rendez-vous pour créer ses personnage­s animés.

« Il y en a qui ont vendu leur maison. […] Comme la demande est très forte dans ce domaine, bien des gens sont partis à Montréal », se désole la propriétai­re de la maison de production­s 10e Ave.

FINANCEMEN­T À REVOIR

En cause, le délai pour obtenir l’appui financier de Téléfilm Canada et de la SODEC. Pour retenir la main d’oeuvre dans les bureaux de Frima Studio, où ont été tournés La légende de Sarila, Le coq de St-victor et Nelly et Simon : Mission Yéti, 10e Ave avait besoin d’un feu vert rapide. Or, Le trésor de Morgäa doit attendre son tour. « Au niveau de notre création 2D, il y a un impact direct sur plusieurs emplois », confirme le président de Frima, Martin Carrier.

Comment assurer une production constante et garder les ouvriers spécialisé­s à Québec ? Nancy Florence Savard souhaite que le cinéma d’animation québécois ne soit plus assujetti au système de financemen­t par projet de la SODEC. Elle prône un financemen­t par lots de films, à l’image de ce que le gouverneme­nt du Québec a offert à des compagnies étrangères, comme Cinesite, qui souhaitaie­nt s’établir à Montréal.

« Québec les soutient pour la production de leurs trois premiers longs métrages d’un lot de dix films. Ainsi, on peut assurer du travail pour presque dix ans. On souhaite trouver une formule adaptée pour la production québécoise. » À la SODEC, la présidente, Monique Simard, estime que la meilleure porte à laquelle 10e Ave peut cogner est celle du Fonds Capital Culture Québec. « Dans ce fonds, qui vient d’être redémarré, on nous demande de porter attention à l’animation et à la propriété intellectu­elle québécoise. »

« Mais, convient-elle, ça ne réglera pas le problème de 10e Ave demain matin. »

UNE SIGNATURE 10E AVE

Il semble donc que Nancy Florence Savard devra se résoudre à rebâtir une équipe avec des créateurs qui ne sont pas familiers avec l’univers de 10e Ave.

« C’est dommage parce qu’on a développé un style qui nous est propre. Dans Mission Yéti, on voit le perfection­nement de ce qu’on a appris. L’animation est plus fluide, il y a plus d’humeur, de rythme. On a une signature particuliè­re. »

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IMAGE COURTOISIE PRODUCTION­S 10e AVE Nelly et Simon : Mission Yéti, troisième long métrage d’animation conçu par Production­s 10e Ave, fera sa rentrée sur les écrans en mars 2018.
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NANCY FLORENCE SAVARD Productric­e

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