Des secouristes confrontés à « des scènes d’horreur »
Martin Laliberté a été le premier policier à arriver sur place MARTIN LALIBERTÉ
Lorsqu’il est arrivé comme premier policier sur les lieux de l’accident au bas de la côte des Éboulements, Martin Laliberté ignorait tout de l’horrible scène à laquelle ses collègues et lui seraient confrontés.
« Je me suis stationné, je suis allé voir ce qui se passait. Et j’ai constaté l’ampleur de ça. J’ai “callé” la cavalerie, j’ai dit envoyez le maximum d’ambulances, de mâchoires de vie, de pompiers », raconte le policier de la Sûreté du Québec (SQ), maintenant à la retraite.
Déjà, quelques citoyens se trouvaient tout près de la carcasse de l’autocar de la compagnie Autobus Mercier – propriété d’andré Mercier, de Thetford Mines –, qui s’était écrasé violemment sur le côté, dans un précipice.
SECOURISTES IMPUISSANTS
L’ancien maire de Saint-joseph-de-laRive, Pierre Tremblay, en faisait partie. « On n’entendait pratiquement rien, seulement des petits murmures », se rappelle-t-il.
Ce lourd silence en disait long : 44 des 49 occupants n’avaient pas survécu à l’impact, après que l’autocar eut manqué la fin de la « dangereuse » côte des Éboulements.
Le curé de l’endroit, qui s’est précipité sur place, leur a donné l’absolution générale.
Les gens apprirent vite que les passagers prove- naient tous de Saint-bernard, un petit village beauceron de 2000 âmes.
« DES SCÈNES D’HORREUR SONT APPARUES »
Martin Laliberté a fait ce qu’il a pu pour chasser les curieux, alors que les secouristes s’apprêtaient à en extirper les victimes.
« […] à un moment donné, il y a des scènes d’horreur qui sont apparues, puis il y a des mains devant les yeux des enfants qui se sont mises. Il y a des personnes qui n’ont pas aimé ce qu’elles ont vu, puis elles ont quitté », confie l’homme. Par dizaines, ambulanciers, policiers, pompiers et bénévoles ont uni leurs efforts, en nourrissant un mince espoir de trouver des survivants. Il y en a eu cinq, blessés grièvement.
À gauche de la scène, les dizaines de corps allongés sur l’herbe, couverts de bâches, témoignaient de l’ampleur du drame, qui raflait le sombre record de « pire tragédie routière du Canada ».
« UN PEU UNE FIERTÉ »
« Tu restes déçu de ne pas en avoir sauvé plus, mais je suis sorti de là en me disant que j’ai fait le meilleur que j’ai pu, retient Martin Laliberté. « On regarde le résultat de l’intervention 20 ans plus tard, et je pense qu’on a bien travaillé, dit-il. De voir que tout le monde a travaillé en équipe pour faire le maximum pour ces gens-là, c’est un peu une fierté aujourd’hui », note-t-il sobrement.