Le Journal de Quebec

Les employés négligent le lavage des mains

À peine la moitié du personnel soignant respecte la mesure d’hygiène

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T heloise.archambaul­t @quebecorme­dia.com

Seulement 56 % employés du réseau respectent le protocole d’hygiène de lavage de mains, montrent les toutes premières données du ministère de la Santé. Un résultat « décevant » pour prévenir la transmissi­on d’infections.

« Je ne suis pas surpris, mais c’est décevant », réagit le Dr Yves Longtin, microbiolo­giste et président du comité provincial de surveillan­ce des diarrhées associées à Clostridiu­m difficile.

« Compte tenu des coûts, c’est vraiment frustrant de voir que les gens ne le font pas », dit-il.

NOUVEAU PROTOCOLE

Les règles d’hygiène des mains ne datent pas d’hier dans les hôpitaux, mais les normes variaient d’un endroit à l’autre. Depuis janvier dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a mis en place un protocole uniforme de lavage des mains dans tous ses établissem­ents (hôpitaux, CHSLD, centres de réadaptati­on).

Résultat : seulement 56 % des employés ont respecté la norme entre janvier et mars dernier, montrent les données du MSSS.

Concrèteme­nt, chaque établissem­ent devait engager des « observateu­rs » qui vérifiaien­t subtilemen­t si le protocole était respecté, soit avant ou après le contact avec le patient (voir encadré).

D’ailleurs, le MSSS écrit dans son rapport qu’il est possible que des employés aient remarqué la présence de ces observateu­rs, et que le résultat réel de lavage de mains soit même inférieur à 56 %.

D’ici 2020, le MSSS vise un taux de conformité de 80 %.

Manque de temps, oubli, mauvaise perception du risque : plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer ce faible résultat.

PROTÉGER LE PATIENT

Selon le syndicat de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), la sensibilis­ation des employés doit être améliorée, et passe par une meilleure communicat­ion.

« Je suis convaincu que ce n’est pas de la mauvaise volonté, dit le président Jeff Begley, persuadé que le résultat doit être amélioré. À la limite, le monde n’y pense pas. C’est un réflexe à développer. »

« D’habitude, les soignants sont meilleurs pour se laver les mains après, pour se protéger eux-mêmes, dit le Dr Longtin. (…) Il y a beaucoup de travail dans les hôpitaux pour changer la perception. Oui, c’est bon pour protéger le soignant, mais aussi très important pour le patient. »

Selon le MSSS, l’améliorati­on du lavage des mains permet de réduire jusqu’à 50 % des infections (diarrhée, influenza, C. difficile, etc.).

REMBOURSER LE SAVON

« Ça coûte des peanuts, le savon à un hôpital, dit le Dr Longtin. (..) Il suffit de prévenir une dizaine d’infections et on a déjà couvert les dépenses de savon dans l’année. »

« Et si on prévient des infections, on diminue des durées de séjour, et on augmente l’accessibil­ité », ajoute-t-il.

Selon des données de l’organisati­on mondiale de la Santé, les frais de la promotion de l’hygiène des mains correspond­ent à moins d’un pour cent des coûts des infections acquises à l’hôpital.

 ?? *RÉSULTAT DE JANVIER À MARS 2017. SOURCES : MSSS ET INSPQ, APRÈS 30 JOURS ?? Seulement 56 % du personnel soignant du réseau de la santé a respecté le nouveau protocole du ministère de lavage des mains depuis janvier dernier. Pourtant, cette simple mesure permet de réduire jusqu’à 50 % des infections.
*RÉSULTAT DE JANVIER À MARS 2017. SOURCES : MSSS ET INSPQ, APRÈS 30 JOURS Seulement 56 % du personnel soignant du réseau de la santé a respecté le nouveau protocole du ministère de lavage des mains depuis janvier dernier. Pourtant, cette simple mesure permet de réduire jusqu’à 50 % des infections.
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