L’homme seul
Dure semaine pour Philippe Couillard. Un résultat désastreux dans l’élection complémentaire de Louis-hébert a mis la table dès lundi. Ensuite, il a péniblement jonglé avec sa consultation sur le racisme.
Mais avec du recul, ce qui me frappe, c’est à quel point le chef se retrouve bien seul avec ses misères dans ce gouvernement. Du jamais-vu au Parti libéral où le travail d’équipe et le respect du chef ont conduit à tant de victoires. Quand Philippe Couillard est attaqué, ou affaibli, on sent assez peu l’arrivée des lieutenants à sa rescousse.
Lundi soir, le chef libéral fut littéralement assommé par les chiffres lorsque les votes furent comptés. Je ne l’avais jamais vu avec un tel regard. Déjà, on pouvait sentir qu’il n’avait pas été adéquatement préparé au tragique résultat, ce qui dénote l’absence d’un organisateur aguerri. Ni préparé à rebondir avec une réaction appropriée.
CACHÉS
Ayant vu leur chef dans un tel état, les séniors du gouvernement auraient dû courir après les micros et les caméras le lendemain matin. Pour prendre un peu de chaleur eux-mêmes et surtout pour défendre leur chef. Il y avait des choses à dire.
« Notre chef a eu le courage de prendre les décisions courageuses. Il y a un prix à court terme, mais les gens verront les bénéfices. » « Notre chef a une vision. Il y a des obstacles et des jours difficiles, mais nous gardons le cap. » Notre chef ceci, notre chef cela.
Nous avons plutôt eu droit à des libéraux qui fuyaient. Les émissions d’affaires publiques, radio et télé, ne pouvaient pas parler à un libéral. Les lieutenants ? Cachés. Ce n’est qu’en courant derrière eux dans les couloirs du parlement que des journalistes ont pris leurs commentaires.
Les premiers à dire quelque chose furent deux députés de la région de Québec… qui ont fait quoi ? Ils ont mis le blâme pour la raclée sur la consultation concernant le racisme systémique. Même si c’était vrai, ce dossier est le bébé personnel du premier ministre.
Leur sortie équivalait à dire que c’est la faute du chef qui a placé un dossier pourri dans le décor. Cela ne se fait pas. Le dire au caucus, bravo. Faire porter publiquement le fardeau de la défaite sur le dos du chef ? Terrible.
Et les choses en sont restées là jusqu’à ce que monsieur Couillard, seul, viennent rencontrer la presse pour annoncer en des termes plus que flous une sorte de recul.
SA FAUTE ?
Plusieurs libéraux diront en cachette que Philippe Couillard est celui qui a créé sa solitude et ce chacun-pour-soi. Il ne génère pas de loyauté, il ne traite pas ses lieutenants en lieutenants. Il met vite à la poubelle députés, ministres et autres s’il craint que ceux-ci nuisent à l’image du parti. Il fait preuve de peu de solidarité. En retour, il en reçoit peu.
Peu importe, en tant que chef, il est affaibli par cette absence d’appui. Une donnée à considérer pour un remaniement imminent.