Le Nobel de la paix écorche le président Donald Trump
La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires récipiendaire
WASHINGTON | (AFP) Sans aller jusqu’à honorer directement l’accord sur le nucléaire iranien, le comité Nobel semble adresser une mise en garde à Donald Trump, sur le point de remettre en cause ce texte historique et engagé dans une guerre des mots périlleuse avec la Corée du Nord.
Parmi les favoris du prix Nobel de la paix figuraient les artisans de l’accord conclu en 2015 pour éviter que Téhéran ne se dote de la bombe atomique, notamment John Kerry, alors chef de la diplomatie américaine, et Mohammad Javad Zarif, toujours ministre iranien des Affaires étrangères.
Une telle récompense aurait sonné comme une gifle au président américain, résolument hostile à ce pacte voulu par son prédécesseur Barack Obama.
Avec le choix de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), « le message est plus subtil et indirect », mais reste « une incitation à préserver l’accord iranien », dit à L’AFP Melissa Dalton, du Center for Strategic and International Studies.
RÉACTION AMÉRICAINE
D’autant que la directrice de L’ICAN, Beatrice Fihn, a pris soin de faire le lien avec Donald Trump et a vanté les mérites de l’accord iranien.
Les États-unis ont d’ailleurs réagi sèchement, estimant que le traité d’interdiction de l’arme atomique défendu par L’ICAN « ne rendra pas le monde plus pacifique ».
Mais ce Nobel fera-t-il changer d’avis le président républicain, qui a qualifié l’accord iranien d’« embarras » pour les États-unis et a réaffirmé jeudi soir que Téhéran en violait « l’esprit » ?
« Je ne crois pas qu’il y ait encore une marge à ce stade pour influencer la Maison-blanche », déplore Melissa Dalton.
Selon plusieurs responsables, Donald Trump s’apprête donc, « dans les prochains jours », à refuser de « certifier » devant le Congrès le respect par Téhéran de ses engagements.
La loi américaine l’oblige à une telle certification tous les 90 jours, la prochaine échéance tombant le 15 octobre au plus tard. Une « non-certification », donnée comme acquise par la quasi-totalité des observateurs, serait un coup dur pour l’accord signé par Téhéran et les grandes puissances (États-unis, Chine, Russie, France, Royaume-uni et Allemagne) pour garantir le caractère exclusivement civil et pacifique du programme nucléaire iranien.
Un coup fatal ? Plusieurs responsables américains assurent qu’une non-certification ne reviendrait pas à « déchirer » le texte. La balle tomberait dans le camp des parlementaires américains, qui auraient 60 jours pour décider s’ils réimposent, ou non, les sanctions contre Téhéran levées dans le cadre de l’accord. Un retour de ces sanctions signerait, lui, sa mort politique.
« Nous avons dit à l’administration : certification ou pas, ce n’est pas notre problème, c’est de la politique intérieure américaine », explique un diplomate occidental. « Mais attention à une démarche qui mettrait l’accord en danger. »