Le Journal de Quebec

Un pas de géant pour les victimes de fraude

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Après l’avoir reporté à maintes reprises, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a finalement déposé son projet de loi 141 visant à réformer l’encadremen­t du secteur financier québécois et à renforcer la protection des épargnants.

Et concernant l’indemnisat­ion des victimes de fraude financière et de détourneme­nt de fonds, pas de doute que le projet de loi du ministre Leitao va régler un sacré gros problème.

Les victimes vont enfin bénéficier d’une meilleure protection de la part du Fonds d’indemnisat­ion des services financiers (FISF), lequel fonds peut « théoriquem­ent » les dédommager jusqu’à hauteur de 200 000 $ par fraude commise par des représenta­nts (courtiers, cabinets, planificat­eurs) inscrits à l’autorité des marchés financiers (AMF).

J’insiste sur le mot « théoriquem­ent », car en réalité peu de victimes y ont eu accès.

LE PROBLÈME

Actuelleme­nt, ce fonds d’indemnisat­ion ne dédommage les victimes qu’à la condition d’avoir acquis le produit financier d’un représenta­nt (courtier, planificat­eur, cabinet) dont la discipline l’autorise à vendre spécifique­ment ledit produit.

Si le représenta­nt fautif a vendu à sa victime un produit financier non couvert par sa discipline, la victime verra sa demande d’indemnisat­ion se faire rejeter par le Fonds d’indemnisat­ion. Et ce, même si le représenta­nt en question est inscrit à l’autorité des marchés financiers.

C’est ce qui est arrivé dans le cadre du scandale Norbourg, en 2006, alors que neuf victimes sur 10 n’ont pu se faire dédommager par le FISF.

Pis encore. Le nombre de victimes de fraude financière n’ayant pu se faire dédommager par le FISF s’est par la suite grandement accru au fil des années.

À tel point d’ailleurs que dans un récent rapport, la vérificatr­ice générale du gouverneme­nt du Québec, Guylaine Leclerc, a elle-même dénoncé le FISF en l’accusant de ne pas jouer « pleinement son rôle, soit d’indemniser les victimes de fraude ».

La vérificatr­ice soulignait que moins de 10 % des réclamatio­ns de victimes de fraude financière ont été acceptées lors des quatre dernières années.

Un vrai scandale, carrément attribuabl­e à l’ineptie de l’appareil gouverneme­ntal. Les épargnants victimes de fraude financière de la part de leurs représenta­nts ont ainsi perdu des dizaines et des dizaines de millions de dollars en réclamatio­ns refusées par le Fonds d’indemnisat­ion.

LA SOLUTION

Le projet de loi 141 vient corriger ce manque flagrant de protection des épargnants en permettant au Fonds d’indemnisat­ion de couvrir dorénavant tout investisse­ur victime d’une fraude commise par un représenta­nt inscrit à L’AMF, et ce, peu importe la nature du produit ou du service financier en cause, et peu importe si le représenta­nt avait ou pas le droit de le vendre.

Lorsque la loi 141 sera adoptée, les cas de fraude à la Norbourg seront dorénavant admissible­s à l’indemnisat­ion prévue par le Fonds d’indemnisat­ion.

Cela fait 15 ans que cette protection élargie du FISF est réclamée tant par les défenseurs des épargnants que par le conseil d’administra­tion même du FISF.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada