« Un vide » jamais totalement comblé
La vie a depuis longtemps repris son cours à Saint-bernard, mais au coeur des activités bénévoles du village, la perte tragique de 43 de ses personnes âgées « a créé un vide qui n’a jamais été comblé totalement », selon la secrétaire de la fabrique, Huguette Camiré.
« Le vide, il est encore là après 20 ans. On a de la misère à recruter dans n’importe quel comité. L’âge d’or peine à trouver des remplaçants. Ça marche maintenant, mais ça marche au ralenti », avance celle qui travaille à la fabrique depuis 28 ans.
Plusieurs victimes étaient des retraités actifs. « On les connaissait tous. C’était du monde disponible », souligne à ses côtés le bedeau, Michel Leblond, qui avait travaillé à creuser 18 trous dans le cimetière. « C’était un champ de mines, ici », illustre l’homme.
« ÇA A CRÉÉ LA MORT »
« C’était des gens qui avaient un sentiment d’appartenance fort. Maintenant, il y a des gens d’ailleurs qui sont venus s’établir et qui s’impliquent. Mais c’est différent, ce n’est pas comme du monde de la place », ajoute Mme Camiré.
Cette dernière se rappelle la lourde ambiance qui régnait dans le village, quand la communauté a été brutalement privée d’une véritable partie de sa mémoire collective. « Ça a créé la mort. Tout le monde était touché », se remémore-t-elle. Certains avaient perdu d’un seul coup plus d’une dizaine de membres de leur famille.
UN ANONYMAT PERDU
À l’immense deuil s’ajoutait la forte présence médiatique. Le village avait été pris d’assaut par des médias de partout au pays et d’ailleurs. « Personne ne nous connaissait le 12 octobre, et le 14 octobre, la moitié de la planète nous connaissait », fait remarquer la dame.