Le Journal de Quebec

Comment reprendre goût à la sexualité ?

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Une vie sexuelle active représente, pour de nombreuses personnes, une part importante de la qualité de vie. Lorsqu’un événement dramatique survient et perturbe l’état d’être, il est tout à fait normal que les impacts se ressentent jusque dans la sexualité et la qualité de la vie intime. La dépression, la fatigue ou l’anxiété peuvent influencer à la baisse le désir et l’envie de se retrouver nu ou en relation avec l’autre.

Est-ce possible de retrouver le goût de faire l’amour après avoir vécu un accident grave ? Une interventi­on chirurgica­le laissant des marques indélébile­s ? Après un AVC, est-il sécuritair­e de reprendre les activités sexuelles? Quelques réponses…

UN ÉVÉNEMENT LOURD DE CONSÉQUENC­ES

Réaliser au quotidien le privilège d’être en santé et en pleine forme se dilue régulièrem­ent à travers les tâches, les responsabi­lités ainsi que le sentiment que la vie est acquise et va de soi.

Pour certains, il est tout à fait normal d’accueillir la vie et ses joies sans nécessaire­ment la remettre en question chaque minute, alors que pour d’autres, la seule notion de plaisir se voit difficilem­ent s’attacher à la vie qu’ils mènent. Donc pour ceux-ci, le combat s’enclenche pour ne jamais (ou rarement) s’arrêter.

Jeanine, une femme de 43 ans, grande brûlée, raconte :

« Je me souviendra­i toujours de cette soirée-là. Ma grande venait tout juste de recevoir un diplôme honori-

fique et nous étions censés célébrer au restaurant avec les proches parents. À la dernière minute, les plans ont changé et j’ai fait une fondue chinoise à la maison. Soudaineme­nt, un des plats s’est renversé – nous n’avons jamais compris pourquoi c’était arrivé – et j’ai reçu le liquide brûlant sur mes jambes et le bas de mon corps. J’ai figé pour ensuite hurler de douleur. Nous nous sommes rendus aux urgences et j’ai eu de graves blessures. J’en suis restée marquée, physiqueme­nt et psychologi­quement. C’est dur, très dur de passer à travers ça », dit-elle.

« J’ai l’intérieur des cuisses abîmé comme c’est pas possible. Je n’ai pas eu envie de refaire l’amour depuis ce temps, ça fait 2 ans et demi… j’en pleure et mon mari se replie sur luimême. Nous souffrons et ne voyons pas le jour où la reprise d’une intimité, même non sexuelle, sera possible. Luc a développé des troubles érectiles à la suite de tout cela. Heureuseme­nt que nous avons décidé de consulter, nous avons besoin d’outils, d’un guide. On s’aime, on doit s’en sortir », complète-t-elle.

Retrouver la santé et les habitudes d’autrefois – d’avant l’accident – est le souhait le plus formulé chez les gens hospitalis­és en raison d’accidents ou de troubles graves. Certains croient, à tort, qu’il suffit de rentrer à la maison et de reprendre les activités pour que la vie reprenne ses droits.

DES DÉFIS À RELEVER

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que plusieurs basculent vers une détresse émotive ou psychologi­que : peu sont préparés à faire face à tous ces changement­s. L’adaptation nécessaire demande énormément d’efforts, de patience et de ressources.

Henri, un homme de 31 ans a fait un infarctus à l’âge de 29 ans : « Dû à mon jeune âge, jamais on n’aurait pu imaginer que c’est ce qui m’arrivait. Je me suis senti tellement mal. Comme je suis sujet à l’anxiété, ma blonde et moi on pensait que c’était ça que j’avais», explique-t-il.

«C’est un de mes amis qui m’a sauvé la vie. Honnêtemen­t, s’il n’avait pas reconnu les signes, je ne serais plus ici pour vous en parler. C’est lui qui a appelé l’ambulance. Ç’a été terrible. J’ai été traumatisé et durant toute l’année qui a suivi, j’étais tellement inquiet que ça survienne de nouveau que je ne faisais plus rien », dit-il.

«Plus d’activités, plus de sorties, plus de sexe. Je mangeais peu parce que j’avais peur d’engraisser et de refaire une crise cardiaque. Je marchais à peine, même si mon médecin me disait que je pouvais. En fait, je devais bouger, mais j’avais peur. Je faisais des cauchemars, ç’a été l’enfer. Je n’étais pas préparé à un tel traumatism­e», observe Henri.

«À un moment, j’ai pris la décision de retourner vivre chez mes parents parce que je sentais que j’étais devenu un fardeau pour ma blonde.on dirait que c’est ça qui m’a permis de me refaire une santé, l’attention que ma mère me portait. Les soins que mon père me prodiguait. Ils m’ont aidé à relever les défis de ma vie, un à la fois. Maintenant, je me sens moins fragile, je retournera­i en appartemen­t en juillet 2018, je me sens prêt. J’ai un bon travail et des amis qui m’aiment. Il faut avouer que je ne vois plus la vie de la même façon. Ma blonde et moi, on s’est quittés en bons termes. J’ai besoin d’espace et de comprendre ma vie », conclu-t-il.

La reprise des relations sexuelles doit être vécue en fonction de l’état de santé (physique, mental et relationne­l) de la personne, il n’y a donc pas de paramètres de normalité en la matière. L’important est que vous soyez consciente/conscient de ce que vous avez envie de vivre et des moyens dont vous pouvez vous servir pour parvenir à atteindre vos objectifs. Quoi qu’il en soit, évitez de vous mettre de la pression indûment et n’hésitez pas à aller chercher de l’aide – médicale et psychologi­que – au besoin.

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