Le Journal de Quebec

Sa fille de 27 ans serait atteinte d’alzheimer

Le rare diagnostic à cet âge interpelle les médecins

- HUGO DUCHAINE

Une mère de Lanaudière lance un appel à l’aide pour sa fille qui, selon des neurologue­s, souffrirai­t de la maladie d’alzheimer à seulement 27 ans, un très rare diagnostic qui laisse les médecins bouche bée.

« On me dit d’attendre l’évolution de la maladie et que nous le saurons, si c’est vraiment [l’alzheimer], à l’autopsie. Mais est-ce qu’on peut faire quelque chose pour l’aider avant ? », plaide, la voix brisée par les sanglots, Chantal Provost, la mère de Violette Turgeon-provost.

La femme de 56 ans a parfois l’impression que sa fille est devenue « un animal de cirque », passant d’un médecin à un autre et subissant une batterie d’examens, alors que tout ce qu’on lui répond est qu’on ignore quoi faire pour elle.

Le verdict est tombé en mai dernier, quand, après des années de doutes et de tergiversa­tions, un premier neurologue du CHUM lui a dit que sa fille avait une « maladie neurodégén­érative de type Alzheimer ».

À seulement 27 ans, Violette Turgeon-provost présente déjà plusieurs symptômes, certains étant même d’un stade avancé. Elle perd la mémoire, s’exprime difficilem­ent et mélange les mots, a de la difficulté à faire des tâches quotidienn­es comme se laver ou s’habiller, et a des sautes d’humeur.

« C’est comme si sa tête s’éteignait, mais dans un corps qui est encore super jeune », remarque sa mère, qui vit à Sainte-béatrix.

DIFFÉRENTE

Enfant, dit-elle, sa fille faisait beaucoup d’insomnie et n’avait pas un développem­ent normal comme ses deux autres enfants. À l’époque, des médecins ont conclu qu’elle avait une déficience intellectu­elle légère. Ce diagnostic est aujourd’hui remis en doute par des neurologue­s, poursuit Mme Provost.

Violette Turgeon-provost a fréquenté une classe spécialisé­e, mais elle s’exprimait normalemen­t et elle était autonome. Cependant, sa mère a observé un déclin graduel dans son cheminemen­t, comme si elle oubliait ce qu’elle apprenait.

Jusqu’à il y a deux ans, elle savait très bien dans quel pays et quelle ville elle habitait, par exemple, mais plus maintenant.

Au fil des ans, Chantal Provost a souvent emmené sa fille à l’urgence, notamment lorsqu’elle ne dormait plus pendant des journées entières, pour tenter de comprendre ce qui la tourmentai­t.

Ce sont finalement des scans du cerveau de sa fille, révélant des plaques amyloïdes grandissan­tes, qui ont convaincu des neurologue­s qu’elle souffrait vraiment de démence. Ces plaques, qui sont des dépôts de protéines entre les neurones, sont nombreuses chez les personnes souffrant d’alzheimer, comme l’ont démontré plusieurs études.

COLÈRE ET PEINE

« Je me sens seule, parfois en colère [...] j’ai de la peine pour Violette », explique sa mère, qui se sent complèteme­nt prise au dépourvu. Elle se demande si elle doit écouter les médecins et attendre la mort de sa fille. « Est-ce vraiment ce que je dois faire ? », s’interroge-t-elle, les larmes aux yeux.

« Est-ce qu’il y aurait un chercheur au doctorat qui aurait le goût de prendre un cas vraiment atypique et d’en faire sa thèse? Je leur prête Violette », lance-t-elle, prête à tout pour allonger l’espérance de vie de sa fille.

En attendant, Mme Provost reçoit du soutien de la Société Alzheimer, une aide précieuse pour lui donner du répit et préserver le plus longtemps possible les acquis de sa fille.

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PHOTO HUGO DUCHAINE, LE JOURNAL DE MONTRÉAL Chantal Provost regarde sa fille, Violette Turgeon-provost, qui a des symptômes de la maladie d’alzheimer, dessiner dans un cahier.

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