Le Journal de Quebec

Les chauffeurs doutent du départ

Ils ne pensent pas qu’uber va se retirer du Québec, malgré l’ultimatum du groupe

- Elisa Cloutier l Ecloutierj­dq

Même s’il ne reste que quelques jours à l’ultimatum lancé par Uber qui mettrait fin à ses activités dans la province, les chauffeurs de Québec ne croient pas au retrait de l’entreprise.

Rencontrés par Le Journal hier, plusieurs chauffeurs de Québec admettent être inquiets de l’avenir d’uber, mais croient encore en un règlement avec le gouverneme­nt. « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, c’est ce qu’on se dit, mais on n’en entend pas parler. J’espère qu’uber va pouvoir rester », mentionne Maxime Gagnon, chauffeur à temps plein depuis l’arrivée du service, en 2014.

Ces derniers ont reçu une note il y a deux semaines les informant de la nouvelle réglementa­tion qui inclut notamment l’imposition d’une formation de 35 heures, plutôt que les 20 heures actuelleme­nt requises, pour permettre de prolonger le projet-pilote de la multinatio­nale au Québec.

Rappelons qu’uber a promis de quitter le Québec dès le 14 octobre si le gouverneme­nt Couillard ne recule pas sur sa décision qui inclut également une vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s des chauffeurs par un corps policier, en plus de l’obligation d’effectuer une inspection mécanique tous les 12 mois.

LA FORMATION JUGÉE INUTILE

Parmi les nouvelles exigences, c’est sans contredit la nouvelle formation, qualifiée de « perte de temps », qui importune le plus les chauffeurs.

« Nous avons déjà fait des efforts, notamment en passant d’un permis de conduire régulier à supérieur, mais qu’est-ce qu’on doit apprendre de plus? Les routes, on les connaît déjà. Ce n’est pas nous qui devons améliorer notre attitude et notre service, au contraire, ce sont les taxis qui doivent changer leur service », mentionne Ashraful Hacque, faisant référence au fait que les utilisateu­rs d’uber et les chauffeurs peuvent tous deux se « noter », permettant ainsi l’améliorati­on du service.

« Il y a un coût derrière cette formation, je pense que plusieurs vont hésiter à devenir chauffeurs Uber si ça devient la norme », ajoute celui qui oeuvre auprès d’uber depuis près de deux ans et qui, comme les autres, admet qu’il serait prêt à la suivre si elle devenait obligatoir­e.

« Il n’y a aucun emploi qui va pouvoir m’of- frir cette flexibilit­é », précise M. Hacque qui travaille comme traducteur à temps partiel et qui touche près de 300 $ supplément­aires par mois avec Uber.

« À QUOI BON AJOUTER DE LA FORMATION ? »

Le son de cloche est le même chez d’autres chauffeurs rencontrés, qui ont toutefois préféré rester anonymes. « On ne sait pas ça sort d’où [les 35 heures de formation]. Je pense qu’il faudrait trouver un terrain d’entente entre les deux [les 20 heures requises et la nouvelle exigence] », mentionne un chauffeur qui offre ses services les soirs et fins de semaine à Québec depuis maintenant deux ans.

« Le gouverneme­nt normalemen­t doit s’intéresser à la protection du public avec la vérificati­on des antécédent­s criminels, la vérificati­on mécanique de l’auto, ça, c’est parfait. Mais, le reste, c’est une question de service à la clientèle. Si une compagnie veut offrir une formation à ses chauffeurs, c’est à elle de décider et non le gouverneme­nt », estime un autre.

Selon les plus récentes données d’uber, près de 500 chauffeurs sont actifs dans la région de Québec. Plus de la moitié d’entre eux travaillen­t à temps partiel.

Le directeur général d’uber Québec n’a pas rappelé Le Journal, hier.

« La plupart des chauffeurs vont accepter de faire la formation, mais ce n’est pas notre souhait »

— Ashraful Hacque, chauffeur Uber depuis près de deux ans à Québec

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PHOTO DANIEL MALLARD « Il y a un coût derrière cette formation, je pense que plusieurs vont hésiter à devenir chauffeurs Uber si ça devient la norme », affirme Ashraful Hacque, chauffeur Uber à Québec depuis près de deux ans.
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