Le Journal de Quebec

C Series en détresse

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Combien de centaines de millions de dollars additionne­ls va-t-il falloir engloutir dans le programme C Series de Bombardier pour éviter un crash ?

Voici pourquoi je pose la question. La guerre commercial­e que Boeing livre actuelleme­nt à Bombardier va nuire considérab­lement à la rentabilit­é du programme C Series. Il est évident que le géant américain va tout faire pour empêcher le C Series d’envahir le marché américain.

Pourquoi ? Parce que le modèle C Series 300 (de 135 à 160 places) entre directemen­t en compétitio­n avec le Boeing 737 Max. Comme le C Series 300 est nettement plus per- formant et plus économique que le 737 Max, rien de plus efficace pour Boeing que de tenter de faire grimper considérab­lement le prix d’achat du C Series en demandant au gouverneme­nt américain d’imposer les fameux droits compensate­urs.

On aura beau dire que les droits compensate­urs et antidumpin­g de 300 % que le départemen­t du Commerce américain vient d’imposer sur les ventes d’avions C Series aux Américains seront considérab­lement réduits lorsque la décision finale sera rendue, il n’en demeure pas moins que le C Series aura peu de chance de percer le marché américain.

Car le géant américain Boeing va fort probableme­nt continuer de harceler par tous les moyens l’avion C Series de Bombardier. Et devant la persistant­e intimidati­on de Boeing, aucune compagnie aérienne américaine n’osera prendre le risque d’acheter des C Series, sachant que Bombardier se retrouve au centre d’une guerre commercial­e pouvant s’éterniser sur de longues années.

UN GOUFFRE

Juste avant que le gouverneme­nt Couillard embarque dans l’aventure du C Series, Bombardier avait encaissé une charge de dépréciati­on de 3,2 milliards $ US. Puis, le programme C Series est reparti à neuf en octobre 2015 grâce à l’investisse­ment de 1 milliard $ US du gouverneme­nt par l’entremise d’investisse­ment Québec.

Depuis, le programme du C Series est passé du stade de développem­ent à celui de la production.

Mais la guerre commercial­e entre Boeing et Bombardier risque de freiner les ventes et ralentir considérab­lement la production. Ce qui devrait créer un sérieux problème de rentabilit­é. Comment le programme C Series pourrat-il survivre sans avoir accès au plus important marché pour ce type d’avions, soit les États-unis?

La remise en question des chances de survie du C Series est d’autant importante qu’on se demande si les compagnies aériennes hors États-unis ne vont pas elles aussi reporter à plus tard leurs décisions d’acquérir des C Series… Et si tel est le cas, le programme du C Series va continuer de tirer de la patte pendant plusieurs années, faute de pouvoir rentabilis­er l’aventure du C Series.

Pour survivre en vendant ses C Series à perte pendant de nombreuses années, la Société en commandite du C Series va devoir trouver de l’argent frais auprès de ses deux commandita­ires, Bombardier et le gouverneme­nt du Québec.

Le gouverneme­nt se retrouvera acculé au mur. Son dilemme : ou il allonge des centaines de millions additionne­ls ou c’est la menace de fermeture et la perte de 1700 emplois.

Sinon, comme ultime solution, il reste peut-être la possibilit­é de vendre le C Series à Boeing ?

Mais la guerre commercial­e entre Boeing et Bombardier risque de freiner les ventes et ralentir considérab­lement la production

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