C Series en détresse
Combien de centaines de millions de dollars additionnels va-t-il falloir engloutir dans le programme C Series de Bombardier pour éviter un crash ?
Voici pourquoi je pose la question. La guerre commerciale que Boeing livre actuellement à Bombardier va nuire considérablement à la rentabilité du programme C Series. Il est évident que le géant américain va tout faire pour empêcher le C Series d’envahir le marché américain.
Pourquoi ? Parce que le modèle C Series 300 (de 135 à 160 places) entre directement en compétition avec le Boeing 737 Max. Comme le C Series 300 est nettement plus per- formant et plus économique que le 737 Max, rien de plus efficace pour Boeing que de tenter de faire grimper considérablement le prix d’achat du C Series en demandant au gouvernement américain d’imposer les fameux droits compensateurs.
On aura beau dire que les droits compensateurs et antidumping de 300 % que le département du Commerce américain vient d’imposer sur les ventes d’avions C Series aux Américains seront considérablement réduits lorsque la décision finale sera rendue, il n’en demeure pas moins que le C Series aura peu de chance de percer le marché américain.
Car le géant américain Boeing va fort probablement continuer de harceler par tous les moyens l’avion C Series de Bombardier. Et devant la persistante intimidation de Boeing, aucune compagnie aérienne américaine n’osera prendre le risque d’acheter des C Series, sachant que Bombardier se retrouve au centre d’une guerre commerciale pouvant s’éterniser sur de longues années.
UN GOUFFRE
Juste avant que le gouvernement Couillard embarque dans l’aventure du C Series, Bombardier avait encaissé une charge de dépréciation de 3,2 milliards $ US. Puis, le programme C Series est reparti à neuf en octobre 2015 grâce à l’investissement de 1 milliard $ US du gouvernement par l’entremise d’investissement Québec.
Depuis, le programme du C Series est passé du stade de développement à celui de la production.
Mais la guerre commerciale entre Boeing et Bombardier risque de freiner les ventes et ralentir considérablement la production. Ce qui devrait créer un sérieux problème de rentabilité. Comment le programme C Series pourrat-il survivre sans avoir accès au plus important marché pour ce type d’avions, soit les États-unis?
La remise en question des chances de survie du C Series est d’autant importante qu’on se demande si les compagnies aériennes hors États-unis ne vont pas elles aussi reporter à plus tard leurs décisions d’acquérir des C Series… Et si tel est le cas, le programme du C Series va continuer de tirer de la patte pendant plusieurs années, faute de pouvoir rentabiliser l’aventure du C Series.
Pour survivre en vendant ses C Series à perte pendant de nombreuses années, la Société en commandite du C Series va devoir trouver de l’argent frais auprès de ses deux commanditaires, Bombardier et le gouvernement du Québec.
Le gouvernement se retrouvera acculé au mur. Son dilemme : ou il allonge des centaines de millions additionnels ou c’est la menace de fermeture et la perte de 1700 emplois.
Sinon, comme ultime solution, il reste peut-être la possibilité de vendre le C Series à Boeing ?
Mais la guerre commerciale entre Boeing et Bombardier risque de freiner les ventes et ralentir considérablement la production