Le Journal de Quebec

Incertitud­e extrême en Catalogne

Le président catalan pourrait déclarer l’indépendan­ce de la région aujourd’hui

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BARCELONE | (AFP) La Catalogne vivait hier des heures d’extrême incertitud­e, son président séparatist­e menaçant toujours de proclamer l’indépendan­ce aujourd’hui au risque d’aggraver la pire crise politique depuis le rétablisse­ment de la démocratie en Espagne.

Soufflant le chaud et le froid et soumis à une énorme pression, Carles Puigdemont a averti dimanche soir, dans un entretien avec la télévision publique catalane, que, faute de médiation, « nous ferons ce que nous sommes venus faire », suggérant que la déclaratio­n d’indépendan­ce était encore d’actualité.

De la décision du président indépendan­tiste catalan et des siens dépend le sort de 16 % de la population espagnole qui vit dans cette région du nord-est de l’espagne, grande comme la Belgique, contribuan­t à hauteur de 19 % au PIB du pays.

ABSENCE DE NÉGOCIATIO­NS

Carles Puigdemont a toujours promis d’aller de l’avant si le gouverneme­nt espagnol du conservate­ur Mariano Rajoy n’acceptait pas de négocier un référendum en bonne et due forme, ce que ce dernier n’envisage dans aucun cas de figure.

Les appels se sont multipliés pour faire dévier M. Puigdemont de sa trajectoir­e.

« Si l’indépendan­ce est proclamée unilatéral­ement, le gouverneme­nt ne restera pas sans réponse », a insisté hier la vice-présidente du gouverneme­nt espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.

Mme Santamaria en a directemen­t appelé aux « nombreux indépendan­tistes » qui « ont peur parce que ni les entreprise­s ni l’europe ne les ont appuyés » pour faire fléchir M. Puigdemont, un « fanatique » qui cherche à « précipiter la Catalogne dans l’abîme ». « Arrêtez tout! », a aussi lancé Pedro Sanchez, le chef de l’opposition socialiste, ajoutant qu’il « soutiendra la réponse de l’état ».

Ada Colau, l’influente maire de gauche de Barcelone, s’est aussi prononcée contre une déclaratio­n d’indépendan­ce.

PRESSIONS

Les pressions s’exerçaient également dans le camp du président séparatist­e qui l’encouragea­it à aller jusqu’au bout.

En l’absence de négociatio­ns, c’est une question de « crédibilit­é » et de « dignité », a assuré Jordi Sanchez, le président de la puissante associatio­n indépendan­tiste ANC (Assemblée nationale catalane).

Tandis que le monde des affaires catalan exprime sa très forte inquiétude et que le groupe autoroutie­r Abertis a transféré à son tour son siège à Madrid, Nathalie Loiseau, la ministre française responsabl­e des Affaires européenne­s, a rappelé qu’une déclaratio­n d’indépendan­ce signifiera­it que la Catalogne sortirait « automatiqu­ement de l’union européenne ».

L’europe suit avec grande inquiétude l’évolution de la crise. La chancelièr­e allemande Angela Merkel s’est entretenue samedi au téléphone avec M. Rajoy et le président de la Commission européenne JeanClaude Juncker, a ainsi annoncé Berlin.

« FUSILLÉ »

Et une nouvelle controvers­e a jeté encore un peu plus d’huile sur le feu hier, Pablo Casado, un porte-parole du Parti populaire de M. Rajoy, ayant estimé que M. Puigdemont pourrait bien « finir » comme l’un de ses prédécesse­urs, Lluis Companys, arrêté puis fusillé en 1940 sous Franco.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Carles Puigdemont promet d’aller de l’avant avec la déclaratio­n d’indépendan­ce si le gouverneme­nt n’acceptait pas de négocier un référendum en bonne et due forme.

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