Le Journal de Quebec

Mordre à l’hameçon

Martin Perizzolo proposait, hier, son tout premier spectacle en solo

- Sandra Godin l SGODINJDQ

Martin Perizzolo lançait le bal hier, à la salle Albert-rousseau, d’un automne particuliè­rement chargé en lancement de spectacles d’humour. Saura-t-il frayer son chemin dans le bassin grouillant d’humoristes déterminés ? Malgré quelques défauts, on a vu hier tout son potentiel.

Vingt-deux ans après sa sortie de l’école nationale de l’humour, il présente Nous, une offrande bien de son époque qui ne s’éloigne pas trop de ce qu’on connaît déjà de lui.

Dans un décor d’aquarium au look plutôt inachevé où le poisson brodé dans son dos s’y reflète, Martin Perizzolo se livre pendant 90 minutes à un public qui l’a connu pour ses rôles d’imbécile attachant dans Les beaux malaises, L’gros show ou la publicité des Fromages d’ici.

Sans faire de jeu de mots, il fait mordre les spectateur­s à l’hameçon d’une façon particuliè­re. Il lance sa ligne tout doucement, détourne notre attention, nous titille un peu et voilà qu’on mord à une ligne tout à fait inattendue, bien loin de là où on croyait aller.

Il trompe les apparences, et c’est probableme­nt la plus grande qualité de ce spectacle, où on pourrait lui reprocher le manque de tonus de son ton, de son débit, et son rythme inégal. On a mordu, mais plus rarement à gorge déployée.

Comme entrée en matière, Perizzolo met la carte sur table de sa personnali­té complexe en racontant son « pétage de câble » lors de son expérience de survie à l’émission Expédition extrême. Il se montre assez cinglant envers la production, mais « qu’est-ce que je peux faire d’autre à part en rire », conclut-il.

UN PEU D’IMPROVISAT­ION

Il est toujours risqué d’insérer un segment d’improvisat­ion dans un spectacle d’humour. Mais hier soir, le numéro a bien fonctionné, puisque c’est à ce moment que le niveau de décibel a augmenté.

Puis, il nous fait nager à travers des réflexions qui nous prouvent à quel point il est un fin observateu­r, nous amenant sur des sujets aussi précis que les poches de chandails et l’excellent numéro sur le tri de la salade mesclun.

On n’a pu échapper à des blagues sur les nouvelles technologi­es, mais sa compréhens­ion de celles-ci, son questionne­ment sur la recherche de mégapixels et l’absurdité d’avoir une télévision sans fil — « la dernière question qu’on veut se poser dans la vie, c’est où j’ai mis ma télé ? » — lui ont valu ses premiers applaudiss­ements.

Il est revenu plus tard avec une réflexion sur l’utilisatio­n du cellulaire, des émoticônes, Tinder et servi des gags intelligen­ts sur les réseaux sociaux, la consommati­on, et le consenteme­nt. « Ce n’est pas un référendum, ce n’est pas 50 % plus un », a-t-il martelé.

Écrit avec la collaborat­ion de Simon Cohen, les textes très bien construits et on a souvent puisé loin les métaphores. Au final, Martin Perizzolo joue brillammen­t avec la limite entre sa personnali­té et les « rôles de tata » qu’il a incarnés.

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PHOTO COURTOISIE CLAUDE DUFRESNE Martin Perizzolo joue avec les limites entre sa propre personnali­té et les « rôles de tata » qu’il a incarnés. Son humour intello a toujours le dessus… ou presque.
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