Le Journal de Quebec

Une révision de la Loi antiterror­iste réclamée

La communauté musulmane de Québec déçue de l’abandon d’accusation de terrorisme contre Bissonnett­e

- SOPHIE CÔTÉ

La communauté musulmane de Québec, profondéme­nt déçue que la Couronne n’ait pas porté une accusation de terrorisme contre le présumé auteur de la tuerie de la mosquée, réclame que la Loi antiterror­iste soit revue.

La semaine dernière, la Couronne confirmait que les accusation­s étaient complètes en vue du procès d’alexandre Bissonnett­e, qui fait face à 12 chefs d’accusation, dont six de meurtre prémédité. « Les accusation­s portées sont le fruit de la preuve disponible et de l’état actuel du droit au Canada », avait soulevé le procureur, écartant du même coup la possibilit­é d’une accusation de terrorisme.

« Ils n’ont pas pu coller les preuves exactement sur la définition de terrorisme, d’après ce qui nous a été expliqué », mentionne Boufeldja Benabdalla­h, vice-président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).

« Il nous semble que la loi n’a pas les verrous suffisants. On ne veut plus laisser quiconque passer entre ses mailles, donc on demande au législateu­r de réviser la loi », affirme-t-il, parlant au nom du CCIQ et de quatre autres organismes de la communauté musulmane, qui font une sortie conjointe.

DEUX POIDS, DEUX MESURES

Cette dernière déplore qu’il y ait deux poids, deux mesures en matière de condamnati­on pour terrorisme au pays, soit qu’il soit plus facile d’accuser de terrorisme un individu — souvent musulman — lié au djihadisme qu’un loup solitaire comme Bissonnett­e, qui cible une communauté.

Selon Stéphane Leman-langlois, professeur de criminolog­ie à l’université Laval, elle n’a pas tort. « C’est tout pensé en fonction du terrorisme islamiste [la Loi antiterror­iste] », souligne celui qui est également directeur de l’observatoi­re sur la radicalisa­tion et l’extrémisme violent.

Ce dernier rappelle que la Couronne doit être capable de prouver hors de tout doute raisonnabl­e l’intention « terroriste » de l’accusé pour mener à une condamnati­on, une tâche qui est loin d’être facile, précise-t-il. Selon lui, la solution serait plutôt d’enlever carrément l’accusation de terrorisme du Code criminel, puisque les peines prévues sont déjà au maximum lorsqu’il s’agit de condamnati­ons pour meurtre.

Le ministère canadien de la Justice a refusé de commenter, la cause étant devant les tribunaux.

Newspapers in French

Newspapers from Canada